Idées reçues sur les effets positifs du tabac
Parmi les idées reçues qui prêtent à la cigarette des vertus, il y a bien sûr l’effet calmant, coupe faim et la stimulation intellectuelle : “avec une cigarette, je retrouve le calme
quand je suis stressé”, “fumer m’aide à contrôler mon alimentation, à ne pas grignoter dans la journée”, "à contrôler mon poids”, “je me sens plus concentré”... Les arguments pour
vanter les effets du tabac sont légions, et notamment chez les personnes diabétiques qui voient dans la cigarette un mal utile. Il serait faux de prétendre que le tabac n’a pas d’effet
sur le stress, l’alimentation ou la concentration. Mais de là à en faire un effet positif, il y a un pas à ne pas franchir. Pour comprendre que ces vertus sont illusoires, il faut les
mettre en perspective avec les effets néfastes du tabac sur le fumeur diabétique, en premier lieu, celui de la dépendance.
Effets sur le cerveau : plaisir du tabac ou dépendance au tabac ?
Le mécanisme de dépendance au tabac repose sur les effets de la nicotine sur le cerveau. En 15 secondes après inhalation,
la nicotine atteint le cerveau et reste concentrée dans le tissu cérébrale pendant 2h en moyenne. Au-delà, le manque et le besoin de prendre une autre cigarette refont leur apparition.
Dans le cerveau, la nicotine agît sur des récepteurs nerveux augmentant la dopamine, une substance hormonale, qui intervient dans les
mécanismes de satisfaction et de récompense. C’est le fameux plaisir que provoque la cigarette, très vite remplacé par un sentiment de déplaisir et de manque incitant à
fumer à nouveau. C’est précisément cet effet contradictoire, cette injonction
paradoxale qui participe aux phénomènes d’accentuation du stress et de dépendance au tabac qui s’amplifient avec les années.
Les effets du tabac sur le diabète et le syndrome métabolique
Mais le tabac est aussi mis en cause dans le syndrome métabolique, un ensemble de troubles qui comprend l’altération des mécanismes
de régulation du métabolisme des graisses, la baisse de la tolérance au glucose, l’obésité, l’hypertension...
Effets du tabac sur l’insuline
La nicotine augmente aussi les taux d’autres hormones connues sous le nom de catécholamines (incluant notamment
l’adrénaline). C’est au niveau cellulaire que les choses se jouent : les études montrent que ces hormones altèrent les mécanismes liés à la production de l’insuline et au transport du
glucose vers les cellules. Les catécholamines altèrent donc non seulement la sensibilité à l’insuline mais
aussi la sécrétion de l’insuline. Quant à l’adrénaline, elle augmente le rythme cardiaque, la pression artérielle ainsi que les
taux de glycémie...
Effets du tabac sur le mécanisme de régulation des graisses
Le tabac augmente aussi les triglycérides. Les triglycérides sont des graisses qui circulent dans le sang. Elles sont absorbées lors
de l’alimentation et stockées en réserve car en excès par rapport aux besoins. Un taux élevé de triglycérides est un indicateur de maladies cardiovasculaires ou d’autres maladies des
artères. Or, ce taux est plus élevé en moyenne chez les fumeurs. On relève aussi chez certains fumeurs des taux élevés d’acides gras, dérivés des lipides, qui sont en concurrence avec le glucose comme source d’énergie, ainsi que destaux réduits du bon cholestérol (HDL-Cholestérol).
Effets du tabac sur le périmètre abdominal
Certes, les fumeurs peuvent avoir un poids moins élevé que les non-fumeurs. Mais ils ont une masse graisseuse abdominale plus
élevée(à poids équivalent). En cause notamment les effets du tabac sur les mécanismes des graisses et l’accumulation de ces graisses au niveau abdominal. Or, on sait que le
risque coronarien et cardiovasculaire est autant lié, si ce n'est plus, à l'adiposité abdominale (accumulation des graisses
dans cette zone) qu'à un IMC (indice de masse corporelle) élevé.
Effets du tabac sur les complications du diabète
Avec de tels effets sur le système métabolique et les artères, on peut craindre des risques accrus de complications du diabète et une apparition plus précoce de celles-ci chez les
fumeurs diabétiques. Certains de ces risques sont déjà avérés (c’est le cas pour lescomplications macrovasculaires comme les accidents vasculaires
cérébraux ou les infarctus du myocarde par exemple), d’autres fortement soupçonnés s’agissant des complications
microvasculaires(neuropathie, néphropathie, rétinopathie). Des études montrent déjà clairement des changements
structurels que cause le tabac, par exemple, sur la fonction rénale.
Tabac et diabète : comparer les vrais bénéfices
Globalement donc, le fumeur chronique a une intolérance plus faible au glucose, il est moins sensible à l’insuline, il expose ses artères (via les effets toxiques de la nicotine, du
monoxyde de carbone et des autres composés chimiques contenus dans la cigarette) à des inflammations, des altérations des parois et à un stress oxydatif (type d’agression des constituants de la cellules).
Parmi les personnes qui arrêtent de fumer, seule une minorité prend beaucoup de poids. La prise de poids moyenne est en fait de 4,5 kg pour les femmes et 2,3 Kg pour les hommes, soit
une augmentation faible, comparé aux bénéfices que va procurer l’arrêt du tabac pour le diabète et la santé en général du patient.
L’arrêt du tabac a un effet bien plus durable sur le stress et l’appétit que ne le procure ponctuellement la cigarette. Bon
nombre d’anciens fumeurs diabétiques disent mieux dormir, avoir moins d’appétit, être moins stressés quelques années, voire seulement quelques mois après avoir arrêté de fumer.
On voit donc comment le tabac et la fumée ont des effets réellement dangereux sur la santé des personnes diabétiques. Il augmente lourdement le risque d’apparition des maladies
cardiaques et vasculaires et des autres complications du diabète. L’arrêt du tabac pour une personne diabétique fait donc partie
intégrante du traitement. C’est un impératif qui doit être mis en œuvre le plus tôt possible.Mais la question reste de savoir : comment s’arrêter de fumer dans de bonnes
conditions et avec quelles méthodes ?
Sources
Diabetes’Voice, juin 2005, volume 50
Magazine Équilibre, N° 255, janvier-février 2007, art. “La dépendance. La comprendre pour mieux la combattre”
Magazine Équilibre, N° 287, mai-juin 2012, art. “Tabagisme et diabète : une association à très haut risque”
Crédit photo : © Bergringfoto - Fotolia.com
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Le tabagisme
Consulter le numéro d’équilibre N° 287, mai juin 2012
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