Complications de l'angine
Dans de rares cas, les angines streptococciques peuvent entraîner des complications locales, ou, plus graves, générales. Ce risque impose de traiter par antibiotique toutes les angines bactériennes.
Les angines guérissent dans la grande majorité des cas en quelques jours, quel que soit le traitement appliqué. Mais si l'évolution des angines virales est toujours simple, il n'en va pas de même des angines bactériennes liées au streptocoque bêta-hémolytique du groupe B, qui peuvent entraîner des complications de deux types : locales, liées à la diffusion de l'infection, et générales, dues à une réaction inflammatoire de l'organisme (syndrome inflammatoire post streptococcique).
Angine : gare au phlegmon !
Ces complications sont devenues très rares dans les pays développés. Les moins exceptionnelles sont les complications locales, qui se produisent quand une angine à streptocoque n'a pas été ou a été mal traitée. Le phlegmon amygdalien ou péri-amygdalien est du à l'accumulation de pus entre l'enveloppe de l'amygdale et la paroi pharyngée. Il crée une sorte d'abcès extrêmement douloureux d'un côté de la gorge. Cette douleur violente, qui irradie vers l'oreille, empêche toute déglutition et entraîne une contracture de la mâchoire (trismus). Elle est associée à une fièvre élevée.
Le pilier du voile du palier apparaît bombé par le pus accumulé, donnant un aspect asymétrique à la gorge. Au stade d'angine phlegmoneuse, c'est-à-dire avant que le pus ne se soit collecté, un antibiotique contre le streptocoque peut suffire. En revanche, au stade de phlegmon, une ponction ou une intervention chirurgicale est nécessaire pour évacuer le pus.
L'adénophlegmon, plus rare, est un phlegmon d'un ganglion du cou. Il se traduit par un torticolis douloureux et un gonflement. Le traitement est identique à celui du phlegmon amygdalien : antibiotique au tout début, chirurgie pour drainer le pus accumuler dans le ganglion, si la prise en charge est plus tardive. Ces complications peuvent être évitées grâce au traitement antibiotique des angines bactériennes.
Le syndrome post-streptococcique
Si les complications locales de l'angine peuvent être liées occasionnellement à d'autres bactéries que le streptocoque, les complications générales sont dues uniquement au streptocoque bêta-hémolytique du groupe B. Pour des raisons encore imparfaitement comprises, certaines souches de streptocoques peuvent provoquer, chez certaines personnes prédisposées, une réaction immunitaire anormale de l'organisme, susceptible de léser différents tissus, essentiellement les articulations (rhumatisme articulaire aigu), le coeur (valvulopathie) et les reins (glomérulo-néphrite).
Toujours fréquent dans les pays en voie de développement, le rhumatisme articulaire aigu (RAA) est exceptionnel aujourd'hui en France. Une enquête réalisée de 1995 à 1997 auprès des services hospitaliers de pédiatrie* a révélé 36 cas, soit 10 par an. La gravité potentielle du RAA est liée à l'atteinte cardiaque qui l'accompagne. Elle renforce la nécessité de traiter systématiquement toute angine streptococcique par des antibiotiques.
Cette complication menace essentiellement les enfants et les adolescents entre 5 et 18 ans. L'atteinte articulaire apparaît quelques jours à trois semaines après une angine généralement (mais pas toujours) non ou mal traitée. Il peut s'agir simplement de douleurs articulaires ou d'une véritable arthrite, avec un gonflement d'une ou de plusieurs articulations. Cette atteinte articulaire régresse en un mois, mais peut être suivie d'une inflammation cardiaque. Si cette dernière guérit souvent sans complication, elle peut aussi laisser des séquelles sous la forme d'une valvulopathie, qui finit parfois par imposer le remplacement chirurgical de la valve défaillante. Sur les 36 patients atteints de RAA de l'enquête française, 18 ont eu une atteinte cardiaque. Sur les 16 dont l'évolution est connue, 4 seulement ont gardé des séquelles, minimes dans un cas et modérées dans deux cas. L'atteinte cardiaque peut également se produire sans avoir été précédée d'un rhumatisme.
Le traitement de ces syndromes post-streptococciques repose d'abord sur l'éradication de la bactérie par la pénicilline et par un traitement anti-inflammatoire à base de corticoïdes. Par la suite un traitementantibiotique est généralement maintenu pendant plusieurs années pour éviter des rechutes liées à une nouvelle infection streptococcique.
Angine : des conséquences variées
D'autres atteintes post streptococciques, transitoires et bénignes, sont possibles : cutanées ou neurologiques (chorée de Sydenham), deux conséquences très rares en France qui doivent conduire à rechercher une atteinte cardiaque.
Contrairement aux autres complications post-streptococciques, la glomérulonéphrite (atteinte du rein) a la particularité de ne pas être prévenue par le traitement antibiotique. Très rare et concernant plus souvent les enfants, elle peut rester très discrète, voire silencieuse, ou se manifester, 10 à 20 jours après l'infection streptococcique, par des oedèmes et une hématurie (sang dans les urines). Chez l'enfant, la guérison complète est habituelle. Une évolution vers l'insuffisance rénale est possible chez l'adulte, mais reste rare. Les antibiotiques sont donnés au début pour éviter que le streptocoque responsable de cette atteinte rénale soit transmis à l'entourage.
La scarlatine n'est pas, à proprement parler, une complication des angines streptococciques mais une forme particulière de l'infection, liée à une toxine du streptocoque, responsable d'une éruption cutanée associée à l'infection pharyngée. Le traitement est celui des angines streptococciques.
Les infections invasives en progression
Enfin, les infections invasives liées aux streptocoques du groupe A (telles que méningites, septicémies, chocs toxiques, infections cutanées graves...) sont en augmentation dans le monde. Ces infections graves, qui touchent plus volontiers des personnes âgées ou malades, restent toutefois très rares. En France leur incidence est passée de 1,5 cas pour 100 000 habitants en 2002 à 2,7 cas pour 100 000 habitants en 2004. L'Institut de veille sanitaire a lancé une enquête pour préciser leur fréquence. La prévention de ces infections invasives repose sur le traitement antibiotique de toutes les infections streptococciques.
- Dr Chantal Guéniot
Créé le 01 octobre 2008
* BEH n°12/1999 - mars 1999 (accessible en ligne)
Voir la vidéo sur le site :
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/mal-de-gorge/articles/12685-complications-angine.htm