L'artériopathie chronique des membres inférieurs ou artérite des membres inférieurs
Qu'est-ce que c'est ?
L'artériopathie des membres inférieurs provoque de manière en général
progressive l'occlusion des artères irriguant les membres inférieurs.
L'aorte se divise en artères iliaques primitives droite et gauche au
niveau du carrefour aortique.
Chaque artère iliaque primitive se divise en artère iliaque externe et
artère iliaque interne.
L'artère iliaque externe se continue par les artères fémorales profonde
et superficielle.
Causes et facteurs de risque
L'artérite des membres inférieurs est liée à l'athérosclérose le plus
souvent.
Mais d'autres causes sont possibles : maladie de Buerger,
homocystinurie…
Les signes de la maladie
En général, le premier symptôme apparaît lors d'une marche. Après avoir
parcouru 2 à 300 mètres, le patient ressent une gêne progressivement croissante, une sensation de crispation, de lien serré autour du mollet. Si le sujet insiste, s'il continue de marcher, si le
chemin monte, cette gêne devient douleur et gagne la cuisse puis la fesse tant et si bien qu'il doit s'arrêter de bouger.
Après quelques secondes d'arrêt, la douleur disparaît.
Si le patient repart calmement, si le sol est plat, il peut à
nouveau parcourir la même distance avant que ne revienne la sensation identique. S'il fait froid, si le terrain est en pente, si le sujet est ému, s'il doit lutter contre le vent, la distance
qu'il peut parcourir sans douleur est plus courte.
Cette marche en chapelet ou claudication intermittente signe un trouble
de l'irrigation sanguine.
L'examen clinique peut montrer la disparition du pouls, un souffle à
l'auscultation au niveau d'une artère.
Si la claudication intermittente artérielle des membres inférieurs est
méconnue ou mal soignée, les lésions vont s'aggraver :
-
Douleurs des membres inférieurs lorsque le sujet est allongé ;
-
Ischémie musculaire puis cutanée (gangrène ) et l'amputation sera le
seul traitement possible.
Cette gangrène peut survenir subitement par embolie distale ou se
constituer plus progressivement en dehors d'un syndrome d'ischémie aiguë chez un patient ayant déjà des troubles trophiques importants. Elle survient au niveau des orteils souvent après des soins
cutanés intempestifs. Elle se manifeste par une zone noire localisée.
Des troubles génitaux d'origine artérielle peuvent se produire en cas
d'obstruction haut située rendant l'érection impossible (impuissance )
Causes et facteurs de risque
Des facteurs favorisants sont presque toujours retrouvés :
-
Le tabac est le facteur majeur puisque 95% des artéritiques consomment
plus d'un paquet de cigarettes par jour.
-
La pilule chez la femme, essentiellement si elle ajoute le
tabac.
Les autres facteurs de risque de l'athérosclérose jouent aussi un rôle
:
-
L'hypertension artérielle;
-
L'hypercholestérolémie;
-
Le diabète ;
-
La sédentarité ;
-
L'excès de poids.
Examens et analyses complémentaires
La radiographie simple des membres peut montrer des artères
calcifiées.
-
L'exploration Dopple des vaisseaux des membres inférieurs permet de
repérer la diminution du débit sanguin à un niveau donné de l'artère atteinte.
Cette technique d'examen apprécie la vitesse de circulation sanguine du
sang grâce à la réflexion du faisceau d'ultrasons, émis par l'appareil, sur les globules rouges en déplacement. La vitesse est évaluée non seulement à partir du signal sonore reçu mais également
sur un graphique qui permet la comparaison avec la circulation normale.
Toutes les artères des membres inférieurs peuvent être explorées : aorte
abdominale, artères iliaques, fémorales, poplitées, tibiales, péronières etc...), mais également les artères cérébrales.
L'échographie directe du vaisseau permet de visualiser l'artère, ainsi
que l'artériographie (conventionnelle ou numérisée) qui précise le type des sténoses, la valeur de la circulation collatérale et du réseau artériel d'aval.
L'électrocardiogramme vérifie l'état du coeur.
Le bilan général de l'athérosclérose (reins, coeur, cerveau) est
systématique.
Traitement
Les règles d'hygiène de vie sont primordiales :
-
Entraînement régulier : la marche tous les jours pendant une heure
d'une allure lente et régulière est le meilleur traitement possible. Le patient doit s'arrêter dès l'apparition de la douleur et repartir deux minutes après la disparition totale de la douleur.
Il peut ensuite augmenter progressivement la durée et la vitesse de sa marche.
D'autres conseils sont utiles :
-
Ne pas rester accroupi ou assis les jambes croisées car la circulation
sanguine se fait mal dans ces positions ;
-
Se laver les pieds tous les jours en insistant entre les orteils.
Sécher minutieusement. Changer de chaussettes tous les jours ;
-
Utiliser des chaussures larges et souples pour que les pieds soient à
l'aise. Préférer les chaussures de toile par temps chaud ;
-
Utiliser deux paires de chaussures, alternées de jour en jour ;
-
Couper courts et carrés les ongles des orteils. Ne pas hésiter à faire
appel à un pédicure compétent en cas de difficultés ;
-
L'arrêt total et définitif du tabac est impératif ;
-
La lutte contre l'obésité, le diabète et la dyslipidémie est associée
;
-
Le patient doit savoir consulter en urgence le médecin en cas de
:
-
Douleurs nocturnes ;
-
Ongle incarné ;
-
Cor, verrue plantaire ;
-
Blessure, zone noire sur la peau.
Les médicaments
-
Le traitement de l'hypertension artérielle éventuelle est impératif
;
-
Les anticoagulants oraux, les antiagrégants plaquettaires sont
utilisés ;
-
La pentoxifylline (Torental ) est un traitement symptomatique de la
claudication intermittente des artériopathies chroniques oblitérantes des membres inférieurs.
La crénothérapie constitue un appoint intéressant (Royat etc.).
Le traitement chirurgical s'impose lorsque le périmètre de marche
devient très faible, lorsqu'il existe des douleurs de décubitus ou en cas de gangrène.
Plusieurs techniques sont possibles.
La chirurgie des artères a pour but de rétablir une circulation normale.
Les différentes méthodes consistent à réparer et à mettre en dérivation le conduit rétréci ou obstrué. Pour intervenir sur une artère malade, il est nécessaire soit de l'ouvrir pour la déboucher,
soit de la court-circuiter.
Le pontage est un conduit artificiel (prothèse en Teflon ou en Dacron)
ou un fragment de veine saphène interne prélevé au membre inférieur. Cette veine superficielle de la cuisse peut être enlevée sans inconvénient pour la circulation veineuse car les suppléances
sont nombreuses. Ce pontage permet de dévier le flux sanguin et de contourner le segment rétréci de l'artère.
Les prothèses sont utilisées pour le remplacement des grosses artères
(aorte, fémorale). Les veines saphènes sont utilisées pour les artères de petit calibre.
Le pontage entre l'aorte et les artères de la cuisse (pontage
aorto-bifémoral ou carrefour aortique) est pratiqué chez les malades souffrant d'une artérite des deux membres inférieurs et dont les obstacles touchent les artères iliaques ou l'origine des
fémorales. Après l'intervention, le tabac est interdit et la marche recommandée.
Le pontage à la cuisse (pontage fémoro-poplité) est utilisé chez les
patients dont l'obstacle siège sur les artères de cuisse ou de jambe.
L'angioplastie transluminale percutanée corrige par dilatation certaines
atteintes.
Le chirurgien introduit sous anesthésie locale une sonde munie à son
extrémité d'un ballonnet dans l'artère fémorale à l'aine et la descend sous contrôle radiologique jusqu'à l'obstacle. Une fois en place, le ballonnet est gonflé et écrase la plaque
d'athérome.
L'endartériectomie percutanée permet d'abraser l'intérieur de l'artère
lésée.
L'endoprothèse métallique ou "stent" est une autre technique qui permet
de recanaliser certaines sténoses.
La thrombolyse locale intra-artérielle donnerait de bons
résultats.
La sympathectomie lombair est la plus fréquente des interventions
chirurgicales vasculaires. Le principe est de sectionner au niveau de la colonne vertébrale le nerf sympathique qui assure la tonicité des artères de petit calibre. Il en résulte un relâchement
des vaisseaux et une dilatation bénéfique. Cette intervention concerne les patients qui ne peuvent bénéficier du pontage et qui souffrent de douleurs de décubitus sans revascularisation
chirurgicale possible.
L'amputation
C'est l'intervention de dernière chance qui peut sauver la vie d'un
malade dont les artères sont irrémédiablement lésées.
c'est une intervention fréquente en France.
Le chirurgien s'efforce d'être le plus conservateur possible.
L'amputation au dessous du genou permet de reprendre une vie presque
normale avec la kinésithérapie et l'appareillage. Une prothèse provisoire est posée dès le 4° jour sans attendre la cicatrisation. La prothèse définitive est mise environ un an plus tard.
L'amputation de cuisse demande un appareillage plus important.
La sensation de membre fantôme est fréquente après l'amputation. Le
malade a l'impression d'avoir toujours son membre amputé. Ce phénomène est dû à la mémorisation du schéma corporel.
Des douleurs du moignon peuvent survenir. Ce sont parfois des décharges
électriques à l'effleurement de la peau. L'anxiété, la dépression augmentent ces troubles. L'aide du psychologue, le bandage très serré du moignon, la neuro-stimulation péridurale sont parfois
utiles.
Une nouvelle technique de neurostimulation a été récemment mise au
point. L'appareil comporte une sonde-électrode qui stimule les nerfs issus de la moelle épinière à destination de la partie inférieure du corps. Le boîtier de stimulation se trouve dans
l'abdomen. La stimulation atténue la douleur et favorise l'amélioration de la circulation dans les artères par dilatation de celles-ci.
http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/sa_783_arterite_mi.htm