Insuffisance rénale chronique
Description
L'insuffisance rénale chronique est le déclin lent et progressif de la fonction rénale. Elle est habituellement la complication d'une autre maladie. À la différence de l'insuffisance
rénale aiguë, qui survient rapidement et soudainement, l'insuffisance rénale chronique s'installe graduellement - pendant plusieurs années - à mesure que les reins se détériorent. La progression
est si lente que la maladie peut rester silencieuse jusqu'à ce que d'importants dommages soient déjà réalisés.
Les reins assurent trois fonctions majeures :
- filtrer le sang et produire l'urine pour éliminer les déchets du corps, empêchant ainsi l'accumulation de toxines dans le courant sanguin
- régir la concentration des éléments minéraux ou électrolytes (p. ex., sodium, calcium et potassium) et la quantité de liquide dans l'organisme
- produire des hormones qui agissent sur d'autres fonctions du corps, comme la régulation de la tension artérielle et la production de globules rouges sanguins.
C'est tout à fait possible de mener une vie active et en santé avec un seul rein - un rein intact peut faire le travail pour deux - mais il est essentiel de surveiller le rein restant pour y
déceler tout signe d'anomalie.
Lorsqu'on arrive au stade où les reins ne peuvent plus fonctionner, les deux options permettant d'éliminer les déchets de la circulation sanguine sont la dialyse ou la greffe rénale.
Causes
La cause la plus courante de l'insuffisance rénale chronique est le diabète sucré (diabète de type 1 ou 2). Cette maladie endommage les petits vaisseaux sanguins, y compris ceux qui se
trouvent dans les reins, et il en résulte une insuffisance rénale chronique.
Voici d'autres causes courantes de l'insuffisance rénale chronique :
- pyélonéphrite (infection des reins)
- maladie polykystique des reins
- maladies autoimmunes, comme le lupus érythémateux aigu disséminé
- hypertension (élévation de la tension artérielle)
- obstruction des voies urinaires (attribuable aux infections et aux calculs fréquents)
- utilisation excessive de médicaments métabolisés par les reins
Symptômes et Complications
L'insuffisance rénale chronique peut être présente pendant des années avant que des symptômes soient perceptibles. Si un patient présente des risques d'insuffisance rénale, le médecin peut
lui faire subir des analyses régulières de sang et d'urine pour pouvoir déceler le problème assez tôt. Faute de surveillance régulière, les symptômes peuvent passer inaperçus jusqu'à ce que les
reins soient déjà endommagés. Certains symptômes, comme la fatigue, peuvent être présents depuis longtemps mais, comme ils s'installent graduellement, on ne les remarque pas ou ne voit pas de
rapport avec une insuffisance rénale.
Certains signes ou symptômes sont plus évidents, notamment :
- urine trouble ou de couleur foncée
- présence de sang dans l'urine
- moussage excessif de l'urine
- mictions plus fréquentes, surtout la nuit
- mictions réduites
- douleur ou difficulté à la miction
D'autres symptômes sont moins évidents, mais résultent directement de l'incapacité des reins à éliminer de l'organisme les déchets et l'excès de liquide :
- paupières bouffies, enflure des mains et des pieds (symptôme appelé oedème)
- hypertension artérielle
- fatigue
- perte d'appétit
- nausée et vomissements
- goût désagréable dans la bouche
- perte de poids
- démangeaison persistante et généralisée
- crampes ou secousses musculaires
- teint jaunâtre ou café au lait
À mesure que l'insuffisance rénale s'aggrave et que les toxines s'accumulent dans l'organisme, des crises épileptiques et une confusion mentale peuvent se produire.
Apprendre qu'on est atteint d'insuffisance rénale chronique peut être effrayant. Le pronostic dépend, cependant, du problème de santé à l'origine de l'insuffisance rénale, de l'ampleur des
atteintes rénales et des complications coexistantes, s'il y a lieu.
Voici quelques-unes des complications :
- hypertension
- susceptibilité accrue aux infections
- déshydratation
- crises épileptiques
- malnutrition
Diagnostic
Il est important d'obtenir les antécédents médicaux du patient pour déterminer les facteurs de risque d'insuffisance rénale. Après avoir pris des renseignements détaillés sur la santé de
son patient à ce jour, le médecin demandera quelqus-uns ou tous les examens suivants :
- tension artérielle (80 % des personnes atteintes d'insuffisance rénale présentent une hypertension artérielle)
- analyses urinaires
- analyses sanguines
- radiographies des reins
-
tomodensitométrie (TDM) de l'abdomen
-
imagerie par résonance magnétique de l'abdomen (IMR)
- échographie de l'abdomen
- scintigraphie rénale
Les examens par radiographie, scintigraphie et échographie permettent de vérifier s'il y a des anomalies dans les reins, comme de petites tumeurs ou des obstructions. En se fondant sur les
résultats de ces examens, le médecin pourra confirmer s'il y a une insuffisance rénale chronique.
Traitement et Prévention
Les premières mesures recommandées aux personnes atteintes d'insuffisance rénale sont des modifications du régime alimentaire. On leur conseille souvent de réduire la teneur en protéines
de leur régime, pour ralentir l'accumulation de déchets dans l'organisme et limiter les nausées et vomissements associés à l'insuffisance rénale chronique. Un diététiste qualifié peut aider les
patients à établir le régime approprié, qui doit tenir compte des maladies sous-jacentes.
Comme les reins n'éliminent plus les déchets de l'organisme aussi efficacement qu'ils le devraient, il en résulte soit des concentrations trop élevées d'électrolytes (calcium, sodium et
potassium) soit une élimination trop rapide de ces éléments. Les analyses sanguines périodiques permettent de mesurer ces concentrations et, si elles révèlent un déséquilibre électrolytique, le
médecin pourrait prescrire des suppléments.
Si les reins n'éliminent plus l'excès de liquide, il faudrait restreindre l'apport liquidien pour réduire le travail imposé aux reins. On peut déterminer à l'avance la consommation de
liquide permise quotidiennement mais, en général, elle est fonction de la quantité d'urine produite le jour précédent. Par exemple, la personne qui a produit 500 mL d'urine en une journée
pourrait boire 500 mL de liquide au cours des 24 prochaines heures. Les restrictions liquidiennes s'appliquent seulement dans les cas graves ou dans l'insuffisance rénale au stade terminal. Là
encore, des diététistes peuvent aider les patients à intégrer les restrictions dans leurs habitudes alimentaires, tout en leur expliquant ce qui est permis et ce qu'il faut éviter.
Si la fonction rénale continue à se détériorer malgré le traitement, on devra recourir à la dialyse ou à la greffe rénale.
Il existe deux types de dialyse : la dialyse péritonéale et l'hémodialyse. Au lieu du rein, la dialyse fait appel à une membrane qui joue le rôle de filtre, pour éliminer de
l'organisme les déchets et l'excès de liquide. Le choix d'une méthode de dialyse dépend de la gravité de l'insuffisance rénale et de ses causes. La dialyse ne peut guérir la maladie. Aussi, les
personnes traitées à l'aide de cette méthode doivent quand même se conformer aux restrictions alimentaires recommandées et prendre leurs médicaments selon les prescriptions.
Dans la dialyse péritonéale, c'est la membrane naturelle de la cavité abdominale, appelée péritoine, qui joue le rôle de filtre. À l'aide d'un cathéter (tube flexible, de très
petite dimension) qui a été placé de façon permanente dans l'abdomen, on remplit la cavité abdominale d'une solution appelée dialysat et le laisse dans l'abdomen pendant un certain temps. Le
dialysat débarrasse le sang des déchets et de l'excès de liquide, qui passent à travers la membrane du péritoine. Une fois l'opération terminée, on retire le dialysat - chargé maintenant des
déchets et des liquides dont l'organisme n'a pas besoin - pour le remplacer par un autre dialysat. La dialyse péritonéale peut être effectuée de façon continue, sous forme de cycles. Dans la
plupart des cas, elle est effectuée à domicile, par le patient ou un membre de sa famille. Elle se fait quotidiennement, mais sa fréquence varie selon le type de dialyse péritonéale utilisée. On
peut avoir à répéter le cycle toutes les six heures ou seulement une fois par jour, introduisant le dialysat le soir et le retirant le matin.
La dialyse péritonéale n'est pas efficace pour tout le monde et peut même ne plus produire les mêmes résultats après une période d'utilisation. Si tel est le cas, il faut recourir à
l'hémodialyse.
L'hémodialyse est une intervention qui doit être pratiquée à l'hôpital ou dans une clinique équipée à cette fin. On utilise donc une machine ou dialyseur pour filtrer le sang et en
éliminer les déchets et l'excès de liquide. Le sang du patient est pompé dans le dialyseur où il demeure sur un côté de la membrane, qui sert de filtre. Tout comme dans la dialyse péritonéale,
les déchets et l'excès de liquide dans le sang traversent la membrane et passent dans le dialysat. Le sang ainsi épuré est retourné dans l'organisme. L'hémodialyse est plus rapide que la dialyse
péritonéale et, en général, le cycle est terminé en quatre heures. Elle est répétée environ trois fois par semaine.
Pour certaines personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique, la greffe rénale constitue la solution. Les personnes pouvant bénéficier le plus d'une greffe sont celles dont
l'insuffisance rénale était causée par l'hypertension, les infections ou le diabète. En règle générale, on n'envisage pas de greffe rénale chez les patients présentant certains problèmes de
santé, comme l'insuffisance cardiaque.
Le rein greffé peut provenir d'un donneur vivant, un parent en général, ou de quelqu'un qui vient de décéder et qui a accepté de faire un don d'organes. Après une greffe réussie et avec des soins
médicaux appropriés, le receveur peut mener une vie active, en bonne santé.
La prévention doit commencer bien avant l'apparition des signes d'insuffisance rénale. Les personnes présentant des risques élevés d'insuffisance rénale chronique devraient être
sensibilisées aux risques potentiels. De plus, elles devraient être renseignées sur les mesures pour éviter l'apparition de l'insuffisance rénale, ainsi que les signes d'avertissement à
surveiller. Certes, l'insuffisance rénale chronique ne peut être guérie, mais on peut en réduire les complications et les symptômes dans la mesure du possible. Les suggestions suivantes
aideraient à prévenir l'insuffisance rénale chronique ou à en retarder l'apparition :
- mesurer régulièrement sa tension artérielle
- suivre fidèlement les traitements recommandés pour maîtriser les maladies chroniques, comme le diabète, le lupus et l'hypertension
- ne pas fumer - chez les diabétiques, le tabagisme peut accélérer l'endommagement des petits vaisseaux sanguins dans l'organisme
- ne pas utiliser de façon abusive les médicaments vendus sans ordonnance
- se faire traiter sans tarder dans le cas d'une infection urinaire ou de toute autre affection des voies urinaires
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