Pour certains toucher ses pieds avec ses mains ou retourner ses pouces n’est pas une affaire d’entrainement mais bien un talent inné. L’hyperlaxité toucherait près d’une personne sur dix. Chanceux ?
Pas vraiment, car bien souvent cette faculté est source de douleurs chroniques et facteur de blessures. Explications.
Qu’est-ce que l'hyperlaxité ?
L’hyperlaxité correspond à une élasticité excessive des tissus péri-articulaires (capsules, ligaments, tendons, muscles qui entourent l’articulation), causant une souplesse exagérée décelable notamment au niveau des pouces, des doigts auriculaires (petits ou cinquièmes doigts), des coudes et de la colonne vertébrale.
L’hyperlaxité est fréquente affectant près de 10 à 15% de la population1, bien que cette anomalie soit plus fréquente dans l’enfance, diminuant avec l’âge. Elle serait environ trois fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme et touche plus particulièrement les ethnies africaines et asiatiques1.
L’hyperlaxité serait provoquée par une altération héréditaire du collagène. Elle est symptomatique de certaines pathologies comme la trisomie 21 ou encore le syndrome d'Ehlers-Danlos.
Si l'hyperlaxité articulaire s'accompagne de symptômes et de gênes dans l'appareil locomoteur, il s'agit alors du Syndrome d'Hyperlaxité Articulaire. Ce syndrome peut avoir diverses conséquences :
- entorses à répétition ;
- luxations ;
- tendinites ;
- douleurs musculaires et articulaires chroniques ;
- déformations osseuses.
Quels sont les causes de la "Maladie" ?
L’hyperlaxité serait liée à une anomalie génétique héréditaire affectant les gènes du collagène1. Il n’est pas rare que les personnes touchées aient des antécédents familiaux d’hyperlaxité. Cette anomalie génétique peut se traduire par des anomalies de la structure osseuse et du tonus musculaire.
Elle est parfois symptomatique de maladies génétiques comme le syndrome d'Ehlers-Danlos, le syndrome de Down ou trisomie 21, la dysplasie cléidocrânienne, le syndrome de Marfan, le syndrome de Morquio, ou plus généralement une maladie héréditaire du collagène.
Quels sont les symptômes de l'hyperlaxité ?
L’hyperlaxité est diagnostiquée grâce au score Beighton (ce dernier doit être supérieur à 4 points sur 9. Un point correspondant à une articulation testée). Ce score traduit une souplesse excessive :
- Des pouces. Les patients hyperlaxes peuvent rabattre leur pouce jusqu’à ce qu’il entre en contact avec leur avant-bras ;
- des auriculaires (ou cinquièmes doigts de la main). L’extension de ces doigts est excessive.
- des coudes. L’extension des coudes est supérieure à 180° (genu recurvatum).
- de la colonne vertébrale. Le patient n’éprouve aucune difficulté à attraper ses pieds et à toucher le sol avec ses mains (mains à plat) voire avec ses avant-bras en position debout et sans plier les jambes.
En outre, on considère que l’hyperlaxité est pathologique lorsqu’elle affecte la qualité de vie du patient. Nous parlons alors du Syndrome d’Hyperlaxité Articulaire qui se manifeste par des douleurs musculaires et articulaires chroniques et un risque accru de chutes ou de blessures.
Syndrome d’Hyperlaxité Articulaire : quelles conséquences ?
Le syndrome d’hyperlaxité articulaire peut engendrer :
- Des entorses à répétition (tout particulièrement au niveau des chevilles) ;
- des luxations ou déboitement de la rotule, de l’épaule, de la mâchoire, etc ;
- des subluxations à répétition (doigts, épaules, rotules, articulations du dos, côtes...) ;
- des tendinites (genoux, épaules) ;
- une scoliose ;
- des déformations articulaires comme un genu valgum ;
- des chutes à répétition ;
- une arthrose précoce liée à l’instabilité articulaire.
Quels sont les traitements de l’hyperlaxité ?
Il n’existe pas de traitement contre l’hyperlaxité ou contre le syndrome d’hyperlaxité. La prise en charge consiste essentiellement à :
- soulager la douleur par la prise d’antalgiques et d’anti-inflammatoires (en comprimés ou en pommades) ;
- renforcer l'articulation par le biais d’exercices adaptés et de kinésithérapie ;
- prévenir le risque de blessure par une pratique sécuritaire de l’activité physique. Par exemple en s’accordant des pauses et repos réguliers, en évitant les mouvements brutaux, en adoptant un travail d’intensité progressive... ;
- prendre en charge ou traiter les différentes complications possibles (entorse, luxation, arthrose ...).
Journaliste santé
24 janvier 2022, à 10h33
https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?