Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Tout le monde a déjà eu sa "madeleine de Proust". Réveillé par une odeur ou un goût, un souvenir ancien, d'une précision remarquable, rejaillit des profondeurs du cerveau. Facétieuse mémoire, dont les mécanismes sont de mieux en mieux décryptés par la science. Les scientifiques en distinguent plusieurs types.
Vous avez toujours voulu améliorer votre mémoire ? Commencez par retenir qu'il n'existe pas une mais plusieurs mémoires. Les scientifiques font ainsi la distinction entre mémoire à court terme, mémoire de travail et mémoire à long terme.
La mémoire de travail,
comme son nom l'indique, est un système de stockage temporaire nécessaire dans l'élaboration de certaines tâches. C'est celle qui intervient quand on referme l'annuaire et qu'on compose de tête
le numéro de téléphone entrevu quelques secondes avant. A peine la dernière touche du combiné effleurée, impossible de se remémorer le numéro. La mémoire à court terme permet d'enregistrer des
informations limitées pendant un laps de temps à peine plus long : moins d'une minute.
Les souvenirs plus anciens, eux (de plus d'une minute en arrière à la petite enfance), dépendent de la mémoire à long terme. Au sein de cette dernière, distinguons la mémoire implicite, liée à l'apprentissage (celle qui vous permet de tenir sur votre vélo ou de conduire votre voiture sans faire appel à des mécanismes conscients) de la mémoire explicite, qui conserve les souvenirs proprement dits. Les souvenirs relevant de notre expérience personnelle (les dernières vacances à la mer par exemple) font partie de la mémoire épisodique, ceux touchant aux connaissances générales (la terre est ronde) de la mémoire sémantique.
Mais comment sont stockées dans le cerveau toutes ces informations, et par quels mécanismes peut-on les restituer sous forme de souvenirs ? Grâce à l'établissement de réseaux de neurones à travers tout le cerveau. Prenons l'exemple de ce tableau qui vous a tant plu, dans ce musée, avec cette dame trop parfumée qui était devant vous. Le tableau a été capté point par point par les neurones de la rétine et de l'oeil. Son image est "acheminée" sous forme d'influx nerveux jusqu'à la zone visuelle du cerveau, qui reconstruit l'image d'ensemble. Ces influx ont ensuite été dirigés vers une autre zone : l'hippocampe. Celui-ci se comporté en gardien et décide d'accepter ou non l'information pour la faire passer dans la mémoire à long terme. Si les informations s'étaient arrêtées à l'hippocampe, l'image du tableau n'aurait fait partie que de la mémoire à court terme, et aurait été oubliée dans la minute.
C'est une autre partie du cerveau, le télencéphale, qui se charge de l'enregistrement dans la mémoire à long terme. Sa particularité est d'avoir des centaines de milliers de neurones qui partent vers toutes les zones sensorielles du cerveau. Le télencéphale envoie influx nerveux représentant l'image du tableau à la zone visuelle. L'image est donc revenue à la zone d'où elle était partie. Elle y est stockée durablement, point par point, sous la forme de milliers de connexions renforcées entre neurones.
Même chose pour les odeurs, sauf que le stockage a lieu cette fois dans la zone olfactive du cerveau.
Ainsi, un souvenir fait souvent appel à plusieurs régions du cerveau. Et le faire ressortir (consciemment ou inconsciemment) consiste à réactiver les différents réseaux de neurones qui se sont établis lors de la "mise en mémoire". Ces derniers sont étroitement liés, car le même parfum que celui de la dame du musée, ressenti des années plus tard, vous évoquera toujours ce tableau qui vous avait tant plu. Comme Proust avec sa madeleine.
Hervé Levano
Mis à jour le 3 janvier 2011
http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/mag_2001/mag0223/ps_3591_coeur_memoire_02.htm