Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Les droits des femmes inscrits dans la loi ne sont pas appliqués en matière de contraception et d'IVG, dénoncent certaines mutuelles, soutenues par les gynécologues obstétriciens de France.
Bien loin des combats du Mouvement de Libération de la Femme, dont le mot d'ordre était "un bébé si je veux, quand je veux", il semblerait que les femmes ne puissent complètement disposer de leur corps comme elles le souhaitent. En cause, le manque d'information, de moyens (structures adaptées), le coût financier de la contraception et les difficultés d'accès aux soins.
Un constat, un appel. Celui des mutuelles MGEN (Mutuelle Générale de l'Education Nationale) et LMDE (mutuelle nationale étudiante), soutenues par les gynécologues obstétriciens de France, lancé le 18 octobre 2011 : les droits des femmes inscrits dans la loi* ne sont pas appliqués en matière de contraception et d'IVG.
Selon le Dr Brigitte Letombe, présidente d'honneur de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, la moitié des femmes
ont une contraception non choisie, du fait du non-remboursement des patchs, des anneaux ou encore pilule de 3ème génération. "On réserve les pilules de
4ème génération, qui sont plus naturelles et donc mieux tolérées, aux femmes de 45 ans alors qu'on devrait les prescrire aux filles de 18 ans qui vont les prendre pendant
30 ans. On fait exactement le contraire de ce qu'il faut faire", s'offusque le Pr Israël Nisand, chef de service de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg. Pour les acteurs
professionnels engagés dans cet appel, il est urgent de garantir la gratuité de l'ensemble des moyens de contraception disponibles "y compris lespréservatifs
féminins et masculins dans
le cadre de l'assurance maladie". "On préfère payer les IVG (12 à 15 000 par an) ou la pilule à nos mineures ?, lance le Pr Nisand. Aujourd'hui en France, l'IVG et
la pilule du lendemain sont
gratuites et anonymes, le paradoxe est énorme", s'insurge-t-il.
Pour assurer cette gratuité, le spécialiste propose un forfait contraception : "L'idée est que les laboratoires vendent leurs produits à la moitié du prix coutant à l'État et que ce dernier prenne en charge l'autre moitié". Depuis la loi de 1975, l'acte d'interrompre sa grossesse est remboursé par l'Assurance maladie à 80 % pour la méthode chirurgicale et à 70 % pour la méthode médicamenteuse.
En matière d'éducation sexuelle et de prévention, la loi du 4 juillet 2001 impose à l'Éducation nationale dans les écoles, les collèges et les lycées de dispenser trois séances d'information par an. "Pourquoi n'est-elle pas appliquée ?, remarque le Pr Nisand. On apprend bien à nos enfants à traverser la rue. En matière de sexe, ne vous inquiétez pas, la pornographie se charge de les éduquer".
Pour le Dr Letombe, il faut mettre en place une consultation anonyme et gratuite accessible, où le praticien formé à la prévention et à la prescription aurait le temps au cas par cas de recevoir les patientes ; cette mesure doit permettre à chacune d'accéder au moyen de contraception qui lui convient, de préserver son intimité et ainsi d'améliorer l'état de santé des femmes, précise-t-elle. Et cela partout en France car aujourd'hui, 4 femmes sur 5 habitent à plus de 100 kms d'un planning familial. Ce déficit de centres de planification ne permet pas de garantir aux adolescentes d'être conseillées et d'accéder anonymement et gratuitement à une contraception.
Pas assez de praticiens formés et compétents et pas assez de structures de proximité pour pratiquer les IVG dans les délais prévus par la loi (12 semaines) dans certaines régions. Sans oublier un enjeu moral qui pèse encore dans la balance, certains praticiens refusent encore de le réaliser : "L'IVG ne doit plus être vue comme un acte honteux", martèle Dr Letombe. Autre problème : 140 centres ont fermé en 10 ans. "ll faut qu'on arrête de ghettoïser les centres d'IVG, ils doivent faire partie de l'activité des structures de gynécologie-obstétrique au même titre que n'importe quelle autre".
L'appel, signé par plusieurs personnalités publiques, dont la philosophe Elisabeth Badinter, l'actrice Isabelle Carré, l'essayiste Caroline Fourest, l'avocate Gisèle Halimi ou encore le gynécologue Israël Nisand, peut être consulté et signé sur le site de la MGEN.
Isabelle Frenay, octobre 2011.
Source :
Conférence de presse MGEN-LMDE du 18 octobre 2011.
* Loi Neuwirth de 1967 autorisant la contraception et la loi Veil de 1975 l'avortement
Les anneaux contraceptifs
Les contraceptifs oraux
(pilules)
Les contraceptifs d'urgence
Les implants contraceptifs
Les patchs contraceptifs
Les stérilets
Les spermicides