Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Quatre valves orchestrent la circulation sanguine au niveau du coeur. Mais lorsque ces clapets sont en panne et que le traitement médicamenteux n'est pas suffisant, une opération s'impose. Cette chirurgie bénéficie depuis peu d'un progrès important : une valve aortique sans suture.
Fort des bons résultats obtenus lors des essais cliniques, la première valve aortique sans suture a été implantée chez un patient souffrant d'athérosclérose et présentant un rétrécissement de l'aorte se traduisant par un souffle au coeur. Retour sur cette intervention, avec le Pr François Laborde, chef du département de chirurgie cardiaque à l'Institut Mutualiste Montsouris (Paris), qui a réalisé l'intervention sous l'oeil des caméras.
Les valves cardiaques sont des structures élastiques du coeur. Ces 4 valves agissent comme de petits clapets qui séparent les différentes cavités pour que le sang n'y circule que dans un sens, sans retour en arrière. Ces valves peuvent être atteintes de deux manières : elle ne s'ouvre pas assez et empêche le sang de circuler, on parle de rétrécissement de valve ou de sténose (46 % des cas) ; elle ne se ferme pas, le manque de continence provoque une fuite appelée insuffisance (12 % des cas) ; et enfin, elle peut présenter les deux types de dysfonctionnements (42 %). Environ 2 % de la population adulte est porteuse d'une valvulopathie.
En France, la majorité de ces maladies des valves (50 à 80 %) sont liées au vieillissement du coeur et à la calcification de l'anneau valvulaire. On estime ainsi que 3 % des personnes de plus de 75 ans présentent une sténose aortique (la plus fréquente des valvulopathies). Une proportion qui devrait croître avec le vieillissement de la population. Plus rarement, d'autres facteurs (inflammation, infection, ou anomalie congénitale) peuvent être en cause.
En se rétrécissant, la surface de l'orifice aortique entrave l'éjection du sang par le ventricule gauche. La pression d'éjection du sang devient plus élevée, imposant une charge de travail supplémentaire au coeur. Ce dernier la compense en s'épaississant, ce qui provoque une plus grande fatigue de cet organe. Les premiers symptômes se manifestent à l'effort : il peut s'agir d'une douleur au thorax (angor d'effort), d'une gêne plus ou moins intense pour respirer (dyspnée d'effort), ou, plus rarement, d'une perte brutale de connaissance (syncope d'effort).
En l'absence de traitement, le coeur s'épuise progressivement et n'assure plus un débit suffisant : c'est l'insuffisance cardiaque. Le patient souffre de troubles du rythme cardiaque, explique la Fédération Française de Cardiologie sur son site Internet. Si les valves s'infectent, c'est l'endocardite.
Un régime sans sel, beaucoup de repos et des traitements antidiurétiques constituent le traitement de première intention. Mais en cas de sténose aortique importante, la réparation ou le remplacement de la valve par chirurgie s'impose. Jusqu'à présent, les chirurgiens avaient à leur disposition deux types de valves : la valve mécanique, solide et durable, mais nécessitant la prise impérative d'anticoagulants ; la valve biologique, moins résistante et qu'il faut remplacer, mais qui n'impose pas la prise d'anticoagulants.
Conçue en 2008 par le groupe italien Sorin, la valve aortique sans suture Perceval S est une bioprothèse innovante. Contrairement aux valves mécaniques et aux valves implantées par voie percutanée, cette valve dispose d'un système d'auto-ancrage qui facilite le travail du chirurgien. "La valve est dans un stent auto-expandable, elle est compactée et se déploie automatiquement comme un parachute grâce à une armature en alliage super-élastique, explique le Pr Laborde. D'habitude, on coud la valve sur l'anneau aortique qui doit être parfaitement décalcifié. Ce processus prend beaucoup de temps. Avec la valve Perceval S, comme il n'y a pas besoin de suture, il n'est pas nécessaire de décalcifier l'anneau aortique, ce qui fait gagner un temps considérable".
|
|
Deux essais cliniques ont d'ores et déjà été menés auprès de patients souffrant de sténoses pour obtenir la certification CE (ce qui est le cas depuis le 31 mars 2011), un autre est en cours pour obtenir la norme FDA (agrément américain). L'Institut Mutualiste Montsouris a déjà procédé à une centaine d'interventions de ce type, et environ 300 ont été réalisées ailleurs en Europe. Bordeaux et Lille ont également participé aux essais cliniques.
D'après ces études, le gain de temps est de 60 %. Le coeur est donc arrêté beaucoup moins longtemps pendant l'intervention, l'anesthésie générale est réduite, ce qui le limite d'autant les dangers pour les patients à haut risque cardiaque. En outre, l'absence de collerette nécessaire à la suture permet d'avoir une valve de plus grande taille, aux performances hémodynamiques supérieures (un meilleur flux sanguin), ajoute le chirurgien. Enfin, dernier avantage et non des moindres, la taille de la cicatrice est considérablement réduite, grâce à une voie d'abord au niveau de la poitrine et non plus au milieu du sternum.
Depuis l'obtention de la certification CE, tous les hôpitaux peuvent acheter ces valves. Seul bémol, leur coût est trois fois plus élevé que celui des valves traditionnelles ou percutanées. En attendant que l'Assurance maladie accepte le remboursement intégral de ces valves, c'est à l'hôpital de puiser sur ses fonds propres pour payer le reste à charge (l'établissement reçoit le même montant que celui accordé pour les autres valves). Mais pour le Pr Laborde, ce n'est qu'une question de temps. "Au vu des progrès majeurs conférés par les valves sans suture, il va sans dire qu'elles vont peu à peu remplacer les valves traditionnelles ou percutanées".
Amélie Pelletier, propos recueillis le 31 mars 2011
Sources :
- Interview du Pr François Laborde, chef du département de chirurgie cardiaque à l'Institut Mutualiste Montsouris (Paris), le 31 mars 2011.
- Conférence de presse, le 31 mars 2011.
- Maladies des valves, Fédération Française de Cardiologie (document téléchargeable).
L'insuffisance cardiaque
Traitement des maladies du coeur
L'essentiel sur le souffle au cœur
Les prouesses de la chirurgie cardiaque
Forum Problèmes cardiovasculaires
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/maladies_cardiovasculaires/articles/15033-pose-valve-aortique-sans-suture.htm