Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
0 % des stocks de poisson de par le monde sont surexploités, 60 % sont à leur maximum, et les pratiques de pêche non durables nuisent fortement à l’environnement. En 15 années d’existence, le Marine Stewardship Council, – que l’on peut traduire par « conseil de préservation des ressources marines » – a permis que 10 % des captures de poisson sauvage du globe soient gérées de manière durable, et labellisées en tant que telles pour guider les choix des consommateurs.
A l’occasion de l’anniversaire de l’organisation de lutte contre la surpêche, et alors que Ségolène Royal vient aujourd’hui d’annoncer son soutien à l’interdiction du chalutage au-delà de 800 m de profondeur, consoGlobe.com a rencontré Edouard Le Bart, ingénieur halieutique et responsable de la branche française du MSC.
Son constat est réaliste mais positif : les avancées du label MSC montrent que l’on peut continuer à manger du poisson, sans mettre les espèces en danger ni nuire à l’environnement marin.
Si 100 % des pêcheries étaient certifiées MSC, cela voudrait dire que leurs stocks seraient abondants et en bonne santé, que les impacts sur l’environnement seraient minimes, et tous les systèmes de gestion seraient efficaces pour assurer un juste équilibre entre exploitation et préservation des ressources. Ce sont en fait les trois piliers du MSC. Il faut d’abord préserver l’état du stock pour s’assurer qu’il peut se renouveler et qu’il s’approche du niveau du « rendement maximum durable » (RMD) [NDLR : juste niveau entre exploitation et renouvellement de l’espèce].
Ensuite, préserver les écosystèmes, c’est-à-dire les autres espèces, les habitats, les végétaux marins, etc. Enfin, il faut avoir un système de gestion efficace qui permette de s’assurer qu’à long terme la pêcherie reste durable notamment en s’appuyant sur des données scientifiques fiables, et contrôlées. Rappelons que l’étude des résultats obtenus par les pêcheries est au coeur de la certification MSC. Et c’est ce qui la rend très exigeante.
De plus, évaluer une pêcherie dure un an et demi environ, avec une phase de pré-évaluation possible avant. Une pêcherie sur deux ne continue pas après cette étape de pré-évaluation. Aujourd’hui, 90 millions de tonnes de poissons sont pêchées dans le monde chaque année. Si 100 % des pêcheries étaient certifiées MSC dans le monde, on pourrait continuer à pêcher tout autant sans mettre en péril la ressource.
Notre première pêcherie certifiée fut celle de la langouste occidentale, en 2000. Aujourd’hui, ce sont 250 pêcheries dans le monde qui ont le label MSC, soit 10 % des captures mondiales. Donc ce sont notamment des grosses pêcheries, par exemple pour le colin d’Alaska, mais aussi des petites comme pour le homard du Cotentin. Mais il y en a aussi 19 dans les pays en voie de développement. Et une centaine d’autres est en cours d’évaluation dans le monde, ce qui nous amènerait, si elles sont certifiées, à environ des 12 % captures mondiales.
Le bureau français a été ouvert en 2009. On n’avait alors aucune pêcherie certifiée. Elles sont 7 aujourd’hui, dont 4 en cours de réévaluation, comme il se doit tous les 5 ans. Et on en a 5 autres en cours d’évaluation. En termes d’impact sur le marché, on a aujourd’hui plus de 17.000 produits qui portent le label dans le monde, 1.200 en France, contre une dizaine seulement en 2009. C’est important, parce que la France est le gros marché européen de la pêche, avec un tiers de sa consommation produite nationalement, et les deux autres tiers issus de l’importation. Les produits MSC représentent environ 2 % des produits de la pêche en vente.
Nous avons deux outils principaux : la certification durable des pêcheries, et l’utilisation du label pour les consommateurs. Pour le premier aspect, on fait un rapport régulier sur les impacts, et on voit que ça fonctionne. Le label a permis que plus de 500 améliorations soient apportées sur les pêcheries certifiées, qui étaient déjà durables, mais on leur demande de s’améliorer de manière constante. Ces améliorations peuvent porter sur l’état des stocks, sur la manière de gérer les zones, sur les engins de pêches, sur les captures accessoires, sur les connaissances scientifiques. Ce dernier point est le gros écueil aujourd’hui pour mener à bien les évaluations de pêcheries.
Si vous achetez un produit labélisé MSC, vous savez que c’est un produit qui provient d’une pêcherie durable, et qui est dans un processus d’amélioration constant : même si la pêcherie a au départ le niveau nécessaire pour avoir le label, elle doit continuer à s’améliorer. Le label garantit aussi une traçabilité entre le moment de l’achat et le moment où est pêché le poisson. Toutes les entreprises de la chaîne doivent prouver leur traçabilité. D’ailleurs, quand des tests ADN sont effectués, on voit que 99 % des produits étiquetés MSC sont bien les produits annoncés [NDLR : alors que, selon le rapport Oceana, un tiers des produits de la mer en Belgique par exemple seraient faussement étiquetés].
Oui, plusieurs grands distributeurs sont impliqués. Carrefour, Picard, Super U sont par exemple très engagés sur la démarche. Notre objectif est de développer l’offre en produits de la mer durables car quand les consommateurs ont le choix, ils choisissent la certification MSC : 45 % des consommateurs cherchent pour les produits de la mer des produits durables (enquête de 2014). On a des partenaires en restauration aussi : Sodexo, McDonald’s, dont tous les Filet-O-Fish sont labélisés MSC. Ça tire la demande et ça permet de créer le cercle vertueux entre consommateurs, distributeurs et pêcheurs.
Il y a encore énormément de chemin à faire, il y a un marché important en France, l’enjeu est énorme, car c’est un grand pays consommateur et importateur. Notre objectif est de certifier toutes les pêcheries durables dans le monde. Pour le marché, c’est d’avoir le plus de produits possible pour inciter les consommateurs, et donc, en retour, les producteurs.
Ces dernières années, les perspectives semblent s’améliorer : les données sur les stocks surexploités et les stocks à leur maximum évoluent peu. Le signe n’est pas trop mauvais. Pour les pêcheries certifiées, on voit que les mesures fonctionnent, c’est pour ça qu’on est positif et plutôt optimiste : quand les pécheurs prennent des mesures, les résultats arrivent.
Regardez le hoki en Nouvelle-Zélande. La pêcherie était déjà à des niveaux durables. Depuis qu’elle est gérée selon les exigences MSC, la biomasse est au-dessus du rendement maximum durable. L’impact est aussi en termes d’emplois : si on n’a plus de poissons, les pêcheurs le paient en premier, c’est donc tout l’intérêt des pêcheurs aussi de préserver les stocks et les fonds marins.
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