Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
La Vérité sur vos médicaments.Titre choc pour un livre (1) qui entend répondre aux ouvrages un brin sensationnalistes qui fleurissent actuellement, la plupart pointant les dangers ou l’inutilité des médicaments. Voilà que 32 spécialistes en ont assez. Des personnalités aussi variées que le diabétologue André Grimaldi, les pharmacologues Jean-François Bergmann et François Chast ou encore Willy Rozenbaum, codécouvreur du virus du sida. Ils veulent apporter «des réponses scientifiquement validées» sur les grandes pathologies et leur traitement. Le point avec l’un des auteurs, le Pr Grimaldi.
Oui, il y a depuis quelque temps un discours relativiste sur les médicaments, la science, le progrès. Comme si tout se valait. On peut dire n’importe quoi et c’est repris comme une vérité. L’exemple caricatural - et qui a été pour nous l’élément déclencheur - est le livre du professeur Philippe Even intitulé la Vérité sur le cholestérol, repris à la lettre par des grands hebdomadaires.
Philippe Even, doyen durant des années d’une grande faculté de médecine, a tenu dans son livre des propos ahurissants, affirmant que «même l’homéopathie, la phytothérapie et l’acupuncture font mieux que les statines [destinées à lutter contre le cholestérol, ndlr], avec moins de complications et pour moins cher». C’est une honte. Alors que dans la prise en charge des maladies chroniques, un des éléments clés est la bonne observance du traitement, les propos d’Even ont dû provoquer plusieurs milliers d’arrêts intempestifs de traitements.
Non, mais on a voulu, par ce livre, revenir à des éléments de base. Car il y a une vérité scientifique. Oui, les vaccins ont permis d’éradiquer des maladies terribles, telles la variole ou la poliomyélite. Et, pour en revenir aux statines, elles ont apporté des progrès majeurs. Par exemple, aux Etats-Unis, le nombre de diabétiques a été multiplié par trois. Or, en même temps, le taux d’infarctus a été divisé par trois. Et cela grâce aux statines. Quand j’entends des personnes affirmer que dans le diabète, abaisser la glycémie ne sert à rien, je me dis que l’on est face à un grand bond en arrière. Et nous, médecins, avons notre responsabilité.
Pas du tout. Mais la notion de bénéfice-risque a un sens, même si elle évolue. Il y a une vérité, à un moment, qui doit être dite. Il faut empêcher que l’on se réfugie derrière le thème «tous pourris». Et ce n’est pas qu’un débat entre médecins.
Nous citons, au fil des chapitres, une série d’éléments qui montrent un gaspillage incroyable. Et des faits choquants. Savez-vous que le prix officiel ou public des médicaments n’est pas le prix réel, et que souvent, il y a des éléments secrets dans les négociations avec les autorités de santé ? La seule solution est la transparence absolue. Des progrès sont faits, mais cela reste insuffisant.
Prenez les traitements de la maladie d’Alzheimer. Pendant des années, la collectivité a continué à les rembourser pour un coût de 300 millions d’euros, alors qu’ils n’apportaient aucun bénéfice thérapeutique direct. Autre exemple, le Crestor, la statine la plus vendue au monde. En France, c’est 30% des prescriptions, en Allemagne 3%, tout simplement parce que l’Allemagne impose les génériques.
Autre cas : dans la prise en charge de la DMLA [dégénérescence maculaire liée à l’âge], il a fallu attendre plusieurs années pour que l’on puisse prescrire l’Avastin - pourtant dix fois moins cher - plutôt que le Lucentis. Et puis comment ne pas rappeler que le médicament le plus vendu et le plus prescrit en France, le Doliprane, qui existe depuis cent cinquante ans, n’a pas de générique ? La raison ? Il n’est pas inscrit sur le répertoire des médicaments génériques…
(1) «La Vérité sur vos médicaments», éd. Odile Jacob, mars 2015, 600 pp., 24 €.