Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Les patients atteints de maladies rares sont souvent confrontés à une errance diagnostique, en partie liée à un manque d'informations des professionnels de santé. Pour réduire les inégalités de soins qui en découlent, un effort à destination des médecins apparaît primordial.
A l'aube du second Plan national maladies rares, qui doit être présenté lors de la Journée internationale des maladies rares par Nora Berra, secrétaire d'État à la Santé, une enquête révèle les lacunes des professionnels de santé dans ce domaine.
Les maladies rares répondent à une définition bien précise : il s'agit de maladies qui touchent moins de 1 personne sur 2 000, soit moins de 30 000 personnes au total en France. Dans notre pays, on estime à un peu plus de 3,5 millions le nombre de personnes atteintes d'une maladie rare.
Inscrit parmi les axes stratégiques du Plan national maladies rares 2005-2008, qui a été reconduit en 2009, le développement de l'information
des professionnels de santé semble ne pas avoir atteint son objectif, si l'on en croit les résultats de l'enquête réalisée pour la Fondation Groupama pour la santé par l'agence Kantarhealth.
Qu'ils soient spécialistes (251 dont 101 pédiatres, 50 neurologues, 50 pneumologues et 50 rhumatologues), ou généralistes (252), les 500 médecins interrogés ont
un faible niveau de connaissances sur les maladies rares, dont ils sous-estiment très largement le nombre : les généralistes l'évalue à environ une centaine, quand il en existe en réalité
plus de 7 000 !
"Le problème, estime le Pr Marc Brodin, professeur de santé publique, c'est que la définition [des maladies rares] est une définition de santé publique ; or, les médecins ne raisonnent pas en termes de fréquence de maladies, leurs études médicales se font par "appareil", par fonction, ou éventuellement par type de patients (les gynécologues par exemple), et les maladies sont abordées par gravité et capacités de traitement". Il propose donc de "reverticaliser" l'information entre les sociétés savantes et les médecins, de manière à ce que ces derniers soient formés sur les maladies rares qui touchent les organes de leurs disciplines.
Dans le détail, cette étude, à la fois quantitative et qualitative, montre toutefois de grandes disparités entre les médecins, selon qu'ils sont généralistes ou spécialistes. Cela se traduit par des comportements très différents des uns et des autres.
Cette méconnaissance des maladies rares est à l'origine même de l'errance diagnostique dont sont victimes la plupart des patients, errance qui est de 8 ans en moyenne pour le syndrome de l'X fragile, de 12 à 13 ans pour le syndrome de Marfan, mais qui peut aller jusqu'à 30 ans dans le cas du syndrome d'Ehlers Danlos. Autant d'années d'ignorance à ne pas savoir ce dont on souffre. Autant d'années d'incompréhension à ne pas savoir contre quoi lutter.
"On doit combattre l'isolement des patients". Le rôle des médecins généralistes est primordial, ils doivent aller vers la pédagogie du doute, insiste Viviane Viollet, présidente d'Alliance Maladies Rares et mère de deux adultes atteints d'une maladie rare. Quand des patients se présentent avec des signes chroniques, répétitifs, les médecins généralistes doivent se poser la question : et si c'était une maladie rare ?"
L'enquête met par ailleurs en évidence l'absence de repères des praticiens, et plus particulièrement des médecins généralistes, à l'égard des outils d'informations existants. Très peu connu, le site Orphanet répond pourtant parfaitement aux besoins qu'ils expriment lorsqu'on les interroge sur leurs attentes : ce site d'informations dresse un tableau de toutes les maladies rares recensées, allant de leur définition aux centres de référence hautement spécialisés, en passant par la stratégie diagnostique, la prise en charge, et les essais thérapeutiques réalisés et en cours. Les seuls à savoir un peu mieux chercher et trouver l'information sont les pédiatres et les neurologues, naturellement plus confrontés à des maladies rares. Conscients des lacunes qui sont les leurs au niveau de la relation patient-médecin, les spécialistes souhaitent par ailleurs être formés à l'annonce d'un diagnostic de maladie rare.
"Le premier Plan national maladies rares a permis d'identifier plus de 2 000 maladies grâce à un test biologique de dépistage, a amélioré l'accès aux soins grâce à la labellisation de 131 centres de référence choisis en fonction de leur expertise et a également amélioré la qualité de prise en charge des malades en obligeant les organismes d'assurance maladie à rembourser les médicaments qui n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché, rappelle le Dr Brodin. Lesecond plan devra essayer de reprendre ça, et de développer la formation continue des médecins par les sociétés savantes, de prendre exemple de ce qui est modélisé dans d'autres programmes (la coordination des soins et l'annonce du diagnostic dans le Plan Cancer notamment)".
La fondation Groupama pour la Santé devrait être en mesure de financer davantage de projets en 2011, grâce au Fonds de Dotation qui a été adopté en avril 2010. Ce fonds permet de recueillir des dons privés, ce qui était jusque-là impossible, et de les redistribuer intégralement aux chercheurs et aux associations. Au total, la fondation devrait pouvoir disposer de 900 000 € pour soutenir des actions innovantes.
Le 13 octobre 2011, elle remettra ainsi pour la première fois le "Prix de l'insertion sociale", d'un montant de 20 000 €, à l'association qui présentera un projet permettant de "recréer du lien social, pour les enfants et adultes que la maladie isole". Le même jour, elle remettra la "25ème bourse de l'Espoir" (97 500 €) à un jeune chercheur sélectionné parmi la quarantaine de postulants. En 2010, c'est Cécile Hubsch qui a reçu le prestigieux prix, pour sa thèse sur les dystonies. Elle recevra ainsi pendant trois ans un salaire annuel de 32 500 € brut, versé à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière où elle effectue ses travaux.
Créé le 01 février 2011
Sources :
- Conférence de presse Fondation Groupama pour la santé, janvier 2011.
- Baromètre "médecins et maladies rares" - La perception des outils d'information sur les maladies rares, Fondation Groupama pour la santé/Kantarhealth,