Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Après avoir bouleversé le traitement du mélanome avancé, l’immunothérapie constitue aujourd’hui une réelle avancée pour de nombreux autres cancers. Néanmoins, elle n’est pas efficace chez tous les patients et n’est pas dénuée d’effets secondaires. Doctissimo fait le point sur les avancées, les espoirs et les enjeux liés à ces nouveaux médicaments.
Les avancées de ces dernières années ont été rendues possibles grâce à une meilleure compréhension des mécanismes immunitaires. Dès 2013, Science avait identifié l'immunothérapie comme l’avancée scientifique de l’année. Depuis, l’immunothérapie est devenue le domaine de recherche le plus important en cancérologie. L’occasion pour nous de faire le point sur ce que recouvre cette discipline, ses applications et ses enjeux.
L’immunothérapie contre le cancer vise à mobiliser le système immunitaire pour qu’il détruise les cellules tumorales. On peut schématiquement distinguer trois stratégies :
L’immunothérapie a déjà changé le traitement et le pronostic du mélanome avancé avec un médicament déjà commercialisé (Yervoy ®, un anti-CTLA-4) et d’autres (des anti-PD1 et anti-PD-L1) déjà utilisés dans le cadre d’essai thérapeutique et qui devraient rapidement arriver sur le marché. Cette année au congrès américain sur le cancer, un premier essai de combinaison d’immunothérapies contre le mélanome a même été présenté. Les applications potentielles sont aujourd’hui multiples avec des résultats intéressants face aucancer du poumon, au cancer du foie, au cancer tête et cou, cancer de la vessie…
Ipilimumab, nivolumab, atezolizumab… derrière les noms barbares de ces molécules se cachent aujourd’hui les géants de la pharmaceutique (BMS, Merck, Roche, Astrazeneca…) et une multitude de startups de biotechnologie. L’enjeu est médical, mais aussi économique car ces produits sont excessivement coûteux. Le seul actuellement commercialisé en France, le Yervoy ® nécessite quatre perfusions au prix de 20 000 euros chacune.Selon un article de 2014 de la revue Business Week, le marché potentiel de l'immunothérapie est estimé à quelque 35 milliards de dollars par an.
Aujourd’hui, malgré les promesses de l’immunothérapie, plusieurs questions restent en suspens.
La première et la plus importante réserve est que tous les patients ne répondent pas à ces traitements. Chez certains, ils auront des résultats spectaculaires,alors que chez d’autres, ils n'auront aucune action (en dehors des effets secondaires)… L’un des enjeux est donc de pouvoir identifier ceux qui vont en bénéficier avant de leur prescrire. Deux pistes principales ont été avancées lors du congrès de l’ASCO (elles restent à confirmer) :
Quelle va être la place de l’immunothérapie dans la prise en charge des cancers par rapport aux thérapies ciblées voire à la chimiothérapie classique ? Lors du congrès de l'ASCO 2015, quelques études associant ces composés ont été présentées, mais de nombreux essais cliniques seront nécessaires avant d'identifier les "cocktails" les plus utiles pour chaque patients. Au-delà de l’efficacité, il faudra être attentif aux effets secondaires importants de ces produits. Pour certains patients, certaines combinaisons pourraient avoir plus de risques liés aux effets secondaires que de bénéfices. D’autre part, on ne connaît pas encore les effets potentiels de ces médicaments sur le long terme (on craint en particulier des complications auto-immunes).
Si l’efficacité de ces produits se confirme (chez les patients répondeurs), on pourra, comme on l’a fait avec certaines thérapies ciblées, les proposer plus tôt dans la prise en charge. Les études présentées jusqu’alors concernent des formes avancées de cancer, pour lesquelles on dispose de peu d’options thérapeutiques. Demain, on pourrait recourir à l'immunothérapie plus tôt, sur des cancers moins avancés.
Contrairement aux traitements classiques, la durée optimale de prescription reste difficile à évaluer. On a vu dans le cadre de différents essais cliniques que certains patients qui avaient arrêté le traitement en cours d’étude bénéficiaient quand même de l’action de ces immunothérapies, comme si la "rééducation" du système immunitaire avait un effet rémanent.
Pour autant, les derniers résultats permettent de parler d'une possible révolution dans le traitement des cancers, y compris les plus agressifs pour lesquels les solutions sont aujourd'hui très limitées.
Créé le 01 juin 2015