Les hommes en première ligne, diabète et apnée du sommeil
04.11.2013
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Par Diab Bruxelles
50% des hommes diabétiques de type 2 présenteraient des apnées du sommeil et, selon deux études américaines, leur traitement aurait un effet bénéfique sur le contrôle glycémique.
Ronflements, mal de tête le matin, somnolence dans la journée… L’apnée du sommeil concerne 5 à 15 % de la population générale. C’est un arrêt de la respiration de plus de 10 secondes, au moins 5
fois par nuit. La fréquence cardiaque ralentit pendant l’apnée et s’accélère lors de la reprise respiratoire, ce qui coïncide généralement avec un réveil très bref ou un sommeil plus léger. Les
complications cardio-vasculaires sont nombreuses et le syndrome de l’apnée du sommeil est lié à une surmortalité de 11 % dans les 5 ans. Des risques qui viendraient s’ajouter aux complications du
diabète si ces deux maladies cohabitent.
Or une récente étude présentée au dernier congrès international de diabétologie, l’ADA (American Diabetes Association) a montré la grande prévalence de ce trouble chez les personnes diabétiques.
Sous la responsabilité du Dr Daniel Einhorn, diabétologue à la Jolla en Californie, 237 personnes atteintes de diabète de type 2 se sont vues poser un appareil de détection autour du torse
pendant leur sommeil. Résultat : 35 % de l’ensemble des diabétiques de type 2 sont concernés par ces troubles. Et les hommes plus particulièrement, puisque 49 % d’entre eux présentaient des
apnées du sommeil.
Une analyse plus profonde du profil de ces patients donne des informations encore plus étonnantes. Contre toute attente, les chercheurs n’ont trouvé aucun lien classique entre ces apnées et les
facteurs de risque généralement associés, comme le poids. L’âge, la durée du diabète de type 2 ou l’hypertension artérielle ne sont pas non plus liés au syndrome. « Il s’agit là de données
préliminaires, conclut Daniel Einhorn, mais qui laissent penser qu’il existe une relation de cause à effet entre apnées du sommeil et diabète de type 2. »
En effet, la question posée par cette constatation est de savoir si le traitement des apnées du sommeil peut avoir un impact significatif sur l’évolution de la maladie. Et c’est une seconde étude
présentée aussi à l’ADA qui y a répondu. Une équipe nord-américaine a inclus 25 patients présentant un diabète de type 2 et des apnées du sommeil déjà diagnostiquées. Tous ont été traités par un
traitement qui se révèle très efficace contre ce syndrome : la ventilation en pression positive (C-PAP). Pendant 80 nuits, les patients devaient se coucher avec un masque diffusant de l’oxygène
relié à un moniteur. L’analyse a porté sur l’évolution de leur glycémie à la fin de cette période.
Chez les patients ventilés au moins 6 heures par nuit, c’est-à-dire ceux qui ont bien suivi leur traitement, le contrôle glycémique est bien meilleur. Le taux d’hémoglobine glyquée (ou HbA1c)
tend à baisser après ce traitement, surtout pour ceux dont le taux au départ était supérieur à 7 %. « Ces données demandent à être confirmées, explique Daniel Einhorn, à l’aide d’une étude plus large. Mais on peut d’ores et déjà se poser la question d’un dépistage systématique en
particulier chez les hommes. »
Lucile Cleenewerck Date de publication : août 2005