Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Le marché des traitements du diabète devrait peser quelque 50 milliards d'euros à l'horizon 2016. Rien d'étonnant donc à ce que les groupes pharmaceutiques cherchent à obtenir une part du gâteau. Mais le développement de produits y coûte très cher, car il faut les tester sur un grand nombre de patients. Le risque est donc à la mesure des profits potentiels.
Le groupe suisse Roche vient d'en faire l'expérience. Il a annoncé la semaine dernière que, en raison d'effets secondaires trop importants, il arrêtait le développement de l'aleglitazar, une molécule intéressante en raison de son action simultanée sur deux types de récepteurs cellulaires, baptisés PPAR gamma et alpha. Non seulement c'est un chiffre d'affaires potentiel de 2 à 4 milliards de dollars qui échappe à Roche, mais c'est aussi un investissement de 1 milliard et demi de dollars qui part en fumée. En effet, l'étude de phase III, la dernière étape avant la commercialisation qui a été arrêtée, incluait 7.000 patients.
A vrai dire, cet échec n'est pas une surprise totale, car les deux produits agissant sur les deux mêmes cibles, développés par AstraZeneca et BMS, avaient connu il y a quelques années le même sort pour des raisons identiques : effets cardio-vasculaires négatifs et fractures osseuses. Et l'utilisation de deux autres produits voisins (agissant sur PPAR gamma seul) déjà commercialisés, l'Avandia de GSK et l'Actos de Takeda, est actuellement questionnée par les autorités de santé.
Pourquoi alors s'être entêté ?
Ces molécules, en raison de leur double action, sont particulièrement intéressantes pour la prise en charge des patients diabétiques obèses (cas fréquent). En effet, « ces molécules permettent à la fois une sensibilisation à l'insuline (hormone qui n'est plus efficace chez les diabétiques, ndlr) et un contrôle des lipides, explique Bart Staels, spécialiste du diabète à l'université de Lille.
Même si les groupes pharmaceutiques sont actuellement échaudés, une recherche académique va continuer pour tenter de dissocier les effets bénéfiques des effets négatifs ». Une équipe américaine a d'ailleurs publié dans la revue « Nature » en 2010 et 2011 des travaux sur ce sujet et a même créé, la société de biotechnologie Ember Therapeutics pour tenter d'exploiter ces résultats.
La biotech française Genfit, qui dispose pour sa part d'un produit agissant sur les PPAR alpha et delta, mène actuellement un essai clinique de phase II, dans une indication de cirrhose du foie, mais rien n'empêche d'envisager que cette même molécule puisse être testée ultérieurement pour le diabète. Une nouvelle génération de molécules du type aleglitazar peut donc être espérée d'ici à quelques années.
http://www.lesechos.fr/18/07/2013/LesEchos/21481-078-ECH_le-pari-risque-du-marche-du-diabete.htm