Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Le diabète de type 2 touche aujourd'hui près de 3 % de la population française et cette proportion est continuellement revue à la hausse. Outre de graves complications sur les yeux, les reins et les nerfs, le diabète peut favoriser la survenue de troubles de l'érection. Mais quelles en sont les raisons et les traitements ? Pour en savoir plus, nous avons interrogé le Professeur Michel Pinget, responsable du service d'endocrinologie au CHU de Strasbourg.
Doctissimo : Quelle est la fréquence des troubles érectiles parmi les diabétiques ? Varie-t-elle en fonction de l'âge ?
Pr. Michel Pinget
: Le diabète est la première cause organique des troubles de l'érection. De larges études épidémiologiques ont permis d'obtenir une estimation de la fréquence des troubles. Entre 20
et 60 ans, un patient diabétique sur trois en serait victime. Cette proportion atteindrait un sur deux pour la classe d'âge entre 50 et 60 ans.
Doctissimo : A quel stade de la maladie interviennent les troubles érectiles ? Peuvent-ils être un indicateur du diabète ?
Pr. Michel Pinget : L'apparition des troubles érectiles est plus lié à l'âge du patient qu'à "l'âge de la maladie". Ainsi, une personne souffrant de diabète depuis l'âge de 5 ans pourra ne pas souffrir d'impuissance alors qu'un diabète récent chez une personne âgée peut être relié à des problèmes de ce type. Les troubles érectiles constituent un assez bon indicateur (pas un révélateur) de la maladie diabétique. Il peut traduire un déséquilibre glycémique ou un "mal vivre" lié à la maladie. De tels problèmes peuvent aggraver le malaise psychologique des patients diabétiques.
Doctissimo : La recherche de troubles érectiles fait-elle partie du bilan annuel des patients diabétiques ?
Pr. Michel Pinget : Oui, les recommandations de l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (ANAES) soulignent d'ailleurs la nécessité de les rechercher chez tout patient diabétique. Personnellement, j'aborde systématiquement le sujet. Comme tous les hommes, les patients diabétiques ont du mal à parler de troubles de la sexualité, c'est donc au médecin de faire le premier pas.
Doctissimo : Quels sont les principaux résultats de l'enquête nationale organisée par l'Association Française des Diabétiques réalisée en juin 2001 ?
Pr.
Michel Pinget : L'Association française des diabétiques a envoyé un questionnaire à un échantillon représentatif de ces membres. Au total, 507 dossiers ont pu être exploités. Les
résultats sont particulièrement intéressants.
Parmi les 41,2 % de patients souffrant de troubles de l'érection, l'analyse des réponses a permis de mettre en évidence 5 paramètres significatifs et indépendants : l'âge, la qualité de la
relation avec la partenaire et dans une moindre mesure, la durée du diabète, l'existence d'une neuropathie ou d'une artériopathie des membres inférieurs et un mauvais équilibre glycémique. Aucune
influence de l'alcool ou du tabac n'a pu être mis en évidence. A l'inverse, la pratique d'un exercice physique régulier aurait un effet protecteur.
Ainsi, les principaux facteurs sont ceux de la population générale : l'âge et la qualité de la relation avec la partenaire. Le diabète n'intervient qu'en aggravant des facteurs déjà
existant.
Doctissimo : Quelles sont les solutions pour ces patients souffrant de troubles érectiles ?
Pr. Michel Pinget : En premier lieu, il convient d'agir sur les facteurs sans relation avec le diabète puisqu'ils sont les premiers responsables. Le cas échéant, nous encouragerons donc le patient à améliorer la qualité de la relation avec sa partenaire et à pratiquer régulièrement de l'exercice physique. Enfin, il existe aujourd'hui des traitements médicamenteux des troubles de l'érection qui permettent d'obtenir de très bons résultats chez les patients diabétiques ou non.
Créé le 12 décembre 2001