Le diabète est une maladie qui touche des centaines de milliers personnes (en Belgique, 10 % de la population seraient diabétiques) et un certain nombre d’entre elles vivent avec sans le savoir. Si les traitements ont considérablement évolué ces 50 dernières années, pour offrir un meilleur confort de vie quotidien, le diabète n’en reste pas moins une maladie dont on ne guérit pas et à laquelle il faut s’adapter et songer à chaque repas, ce qui est assez contraignant.
En Luxembourg, des infirmières, médecins, mutuelles, cercles de médecine générale et l’institution provinciale ont pris le problème à bras-le-corps depuis 2002 pour créer un réseau unique en Belgique de « maisons du diabète », des lieux destinés à accueillir les diabétiques pour les conscientiser à cette maladie. Fonctionnement du pancréas, causes et dangers du diabète sont notamment expliqués de façon pédagogique aux personnes concernées et aux familles.
Ces maisons sont des centres de référence pour les malades souhaitant être accompagnés afin de gérer leur diabète. Infirmières et diététiciennes spécialisées assurent les consultations et les formations dans les sept maisons en place : à Barvaux, Bastogne, Athus, Libramont, Bièvre, Tintigny et Marche, ces 4 dernières ayant récemment déménagé dans les postes médicaux de garde. Une 8e pourrait être créée à Arlon. « Mais ces maisons sont encore sous-utilisées par la population et la médecine générale, note Vinciane Collard, infirmière en diabétologie, qui a initié ce concept et le porte avec passion. Pourtant, nous avons comptabilisé 1.670 consultations en 2013. Mais les gens ne se sentent pas assez touchés et quand ils le découvrent, c’est souvent tard. »
« Or, ce sont les complications qui coûtent cher : cécité, greffe, voire AVC, complète le Dr Eric Weber, diabétologue aux Cliniques du Sud-Luxembourg. Bref, en Belgique, on soigne mais on ne prévient pas. Les Maisons du diabète jouent ce rôle de première ligne, en amont. Il existe deux types de diabète. De type 1, auto-immuntaire, pour lequel il n’y a pas de dépistage, et le type 2, qui touche 90 % des cas. Il est souvent lié aux modes de vie (obésité, peu d’activités, gènes familiaux sont autant de facteurs de risque). »
Par ailleurs, les maisons du diabète souffrent d’un manque de financement et le combat est continu chaque année pour assurer leur pérennité. Les Maisons se sont déjà tournées vers le politique en 2013, car elles cherchaient 150.000 euros pour leur fonctionnement. Les Cercles de médecine financent en grosse partie, la Province s’est engagée pour 25.000 euros, Vivalia pour 50.000 et la Région a été sollicitée voici quelques semaines. « Nous effectuons de fait un travail de première ligne fondamental et il serait même utile que notre pratique puisse être développée dans toute la Wallonie. Notre travail vient d’être salué par une nomination aux « Well Done Awards », un prix qui récompense des initiatives d’information en matière de santé. La Région soutient le projet mais quid après le transfert des compétences ? Il faut batailler tous les ans. »
Mais les porteurs de ce concept poursuivent leur travail. Avec la diététicienne Emmanuelle Franco, Vinciane Collard a concocté une exposition qui explique le diabète d’hier à aujourd’hui. Elle va tourner dans le secteur médical pour informer, encore et encore. Une exposition complétée par une brochure reprenant deux témoignages, comme celui d’Henri Mars, 64 ans, et diabétique depuis ses 4 ans. On lui avait prévu une vie beaucoup courte à l’époque. Aujourd’hui, il dit vivre avec sa maladie car les méthodes de traitement ont assez radicalement évolué.
http://www.lesoir.be/702458/article/actualite/regions/2014-11-08/diabete-mieux-vaut-prevenir