Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Hypoglycémie chez le diabétique insulinotraité - Dr Agnès SOLA-GAZAGNES - Paris
1. Definition de l’hypoglycemie chez le diabetique insulinotraité
La définition de l’hypoglycémie biologique. Différents seuils de l’hypoglycémie chez le diabétique insulinotraité ont été proposés : 0,45g/l, 0,50g/l, 0,70g/l. Il n’y a pas de consensus à ce sujet. Le groupe d’expert de L’ALFEDIAM ayant rédigé les recommandations sur ce thème en 1997 n’avance aucun seuil.
Il est pourtant indispensable de définir un seuil afin de pouvoir «éduquer» les patients insulinotraités pour traiter l’hypoglycémie et adapter le traitement insulinique. Un seuil de 0,60g/l est généralement accepté de tous les cliniciens.
Les symptômes d’hypoglycémies seront décrits plus bas. Cependant,
certains patients peuvent ne pas ressentir les hypoglycémies. L’absence de symptômes expose au risque d’hypoglycémie sévère
(nécessitant l’aide d’une tierce personne) ou de coma hypoglycémique.
2. Signes d’hypoglycémie
Signes prévenant l’entourage :(du plus fréquent au moins fréquent)
Pâleurs
Sueurs
Impossibilité de parler
Fatigue intense
Comportement incohérent
Accès de nervosité
Tremblements
Yeux fixes, "vides"
"Ralentissement" de la parole ou des actes
Angoisse extrême
Etat semblable à l'ivresse
Somnolence
Accès de rire et de pleurs
Pouls rapide
Désorientation
Agressivité
Signes prévenant le patient : (du plus fréquent au moins fréquent)
Sueurs
Tremblements
Faim
Troubles de la vue
Nervosité
Vertiges
Sentiment de fonctionner au ralenti
Sentiment de bien-être ou de mal-être
Comportement bizarre
Imprécision des gestes
Froid
Sentiment de perte de connaissance imminente
Palpitations
Picotements au niveau de la bouche
Maux de tête
Gêne pour parler ou pour articuler les mots
Nausées
Somnolence
Angoisse
Soif intense
Sentiment de bien-être
Vomissements
3. Causes d’hypoglycémie chez le diabétique insulinotraité
Excès d’insuline
Insuffisance d’apport glucidique
Effort physique programmé ou pas
Excès de boissons alcoolisées
Technique d’injection :
Autres (Insuffisance rénale, Associations médicamenteuses, Certaines maladies associées, Gastroparésies…)
4. Risques de l’hypoglycemie
La répétition des hypoglycémies modérées expose surtout à un risque de diminution de la perception des hypoglycémies entraînant des hypoglycémies sévères.
Le risque principal des hypoglycémies
sévères ou coma est traumatique. La gravité dépend du type de traumatisme et des circonstances dans lesquelles il se produit (conduite
automobile…).
Il peut également y avoir des séquelles neurologiques d’un coma hypoglycémique profond prolongé. Pour éviter toute prolongation d’un éventuel coma hypoglycémique, les pompes externes à insulines disposent d’une sécurité mettant la pompe en arrêt au bout d’un certain temps (prédéfini avec le patient) si le patient ne lui a pas donné signe de vie.
En dehors des âges extrêmes de la vie (jeune enfant, personne âgée), il n’y a pas d’argument scientifique pour la survenue d’une encéphalopathie hypoglycémique chronique (troubles cognitifs) secondaire aux hypoglycémies sévères répétées.
5. Traitement de l’hypoglycémie
Le traitement de l’hypoglycémie doit être réalisé avec un équivalent de 15g de glucides index glycémique élevé. La notion de sucre «rapide » ou «lent » est totalement erronée. On parle dès lors d’index glycémique, c’est à dire du pouvoir hyperglycémiant des aliments à quantité de glucides égale. Ainsi le pain blanc qui était qualifié autrefois de sucre «lent » possède en fait un fort index glycémique proche du glucose et plus important que le sucre blanc (saccharose). Le pain blanc peut donc être utilisé pour traiter l’hypoglycémie.
A l’inverse, le sucre du fruit a un index glycémique plus faible et n’est donc pas approprié pour corriger rapidement une hypoglycémie. 15g de glucides de faible index glycémique sont plutôt utilisés en prévention de l’hypoglycémie (collation).
Prendre plus de 15g de glucides ne permet pas de remonter la glycémie plus vite (les symptômes disparaissent en environ 15mn) mais est souvent responsable d’une hyperglycémie secondaire.Une consigne essentielle à donner et à répéter au patient insulinotraité est d’avoir en permanence sur soi l’équivalent de 2 «resucrages ». En cas de malaise, avaler tout de suite les 15g de glucides (une glycémie capillaire n’est pas indispensable sauf si le patient a un doute) et contrôler la glycémie environ 30mn après. 15g de glucides doivent être pris devant toute glycémie inférieure à 0,60 g/l même en l’absence de symptômes.
15g de Glucides =
3 morceaux n°4
2 paquets de 3 cubes de sucre
1 petit verre de Coca ou Soda (15cl)
1 pt verre de jus de fruit (200ml)
3 bonbons
1 cuillère à soupe de sirop
1 cuillère à soupe de confiture ou de miel
1 petit berlingot de lait concentré sucré
2 barres de pâte de fruits
éventuellement 40g de pain ou 2 biscottes si la
personne peut les avaler
Eviter
Fruit
Jus de fruit frais
Chocolat
En cas d’hypoglycémie sévère nécessitant l’aide d’une tierce personne, le « resucrage » ne peut être fait per os que si la personne peut avaler sans risque de fausse route. Si tel n’est pas le cas ou en cas de coma hypoglycémique, le traitement consistera en une injection IM (ou SC) d’une ampoule de Glucagen® ou l’injection IV de 3 ampoules de 10cc de G30.
6. Prévention de l’hypoglycemie
La prévention de l’hypoglycémie passe par l’apprentissage et la gestion de situations particulières :
- Apprentissage de l’adaptation des doses d’insuline,
- Conduite à tenir en fonction de l’activité physique selon la durée et l’intensité de l’effort en ne méconnaissant pas l’effet hypoglycémiant prolongé du sport.
- La nécessité d’une prise glucidique concomitante d’une absorption d’alcool.
- Veiller à une bonne technique d’injection (éviter lipodystrophies et injections intramusculaires)
- L’intensification de l’autosurveillance glycémique afin de prévenir une hypoglycémie en prenant une collation dans des situations à risque (conduite automobile, repas moins glucidique, activité plus importante…).
- Le patient doit veiller à avoir en permanence sur soi l’équivalent de 2 « resucrages ».
- L’éducation de la famille est également importante (signes que perçoit l’entourage, prévention de l’hypoglycémie, Glucagen® …)
La prévention de l’hypoglycémie sévère passe par l’éducation, l’adaptation du traitement (dose, schéma) pour réduire la fréquence des hypoglycémies, l’intensification de l’autosurveillance glycémique avec si besoin la remontée transitoire de l’objectif glycémique.