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Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog

Jambes lourdes : les hommes aussi !

Jambes lourdes : les hommes aussi !

Jambes lourdes, varices. les maladies veineuses ne touchent pas que les femmes. Les hommes seraient même en France près de 3,7 millions à en présenter les signes. Zoom sur un trouble masculin encore tabou.

La maladie veineuse toucherait 18 millions de personnes en France. Très fréquente, cette pathologie traduit un dysfonctionnement des valves veineuses du bas des jambes qui ne permettent plus au sang de remonter. Ces troubles conservent une image féminine, pourtant des études1,2 épidémiologiques tendent à prouver qu'elles touchent autant les deux sexes.

Un quart à un tiers des hommes atteints

Jambes lourdes"Selon une étude écossaise3, plus d'un tiers des hommes entre 20 et 60 ans et plus de la moitié après cet âge souffre d'insuffisance veineuse chronique" déclare le Pr. Eric Hachulla du CHU de Lille. Selon lui, les trois quarts des hommes souffrant d'insuffisance veineuse chronique (IVC) présentent des varices qui constituent de véritables facteurs de risque de développer des thromboses, en particulier celles associées aux vols long-courriers (le célèbre syndrome de la classe économique).

Contrairement aux idées reçues, la proportion d'hommes touchés rejoindrait celle des femmes avec quelques années de décalage de 10 à 20 ans, néanmoins. Ainsi, le nombre d'hommes atteints à 60 ans est équivalent à celui des femmes de 40 ans. Les raisons de cette atteinte précoce des femmes seraient principalement liées à des facteurs spécifiques comme le nombre de grossesses.

"Les principaux signes sont chez l'homme comme chez la femme des douleurs, des tensions, des lourdeurs, des crampes, mais ces signes ne sont pas toujours caractéristiques. Chez l'homme, une sensation de démangeaison des membres inférieurs est en revanche beaucoup plus spécifiques" déclare le Pr. Hachulla.

 

Autre particularité masculine, la forte proportion de douleurs associées (81 % des insuffisants veineux4), la forte proportion des varices (74,5 % contre 54,2 % chez les femmes5), d'odèmes d'origine veineuse (60 % des hommes atteints d'IVC et travaillant debouts6). Même si certaines de ces études ne concernent que des échantillons limités (de 80 à 400 hommes), elles permettent de mettre en lumière sur un sujet tabou que les hommes préfèrent cacher sous leurs pantalons.

Une consultation trop rare et trop tardive

Les hommes consultent peu pour des insuffisances veineuses chroniques, puisque 13,6 % seulement exprimeraient leur plainte4. "Ils ne consultent généralement pas pour des raisons esthétiques mais pour des varices déjà constituées voire des complications aiguës" précise le Dr Frédéric Vin, ancien président de la société française de phlébologie.

"Face à cette pathologie qu'il considère comme exclusivement féminine, l'homme consulte peu alors que la fréquence de la maladie est sensiblement la même chez les deux sexes. Enfin, il consulte plus tard (en moyenne 5 ans après l'apparition des premiers symptômes7). C'est sans doute la raison pour laquelle un examen complémentaire et le recours au chirurgien vasculaire sont davantage sollicités que chez la femme. Des faits qui sont témoins indirects d'un stade supérieur de gravité." complète le Dr J-P. Benigni, secrétaire de la société française d'angiologie.

Selon le Dr Vin, ce constat est d'autant plus alarmant que la prise en charge thérapeutique est d'autant plus efficace que le diagnostic est posé précocement. Mais pour cela, il faut sensibiliser les hommes et les médecins selon le principe "on ne trouve que ce que l'on cherche".

 

Attention aux piétinements !

Qui sont les hommes concernés ? Le Pr. Hachulla rappelle les facteurs de risques :

  • Age : la proportion des hommes touchés augmente avec l'âge passant d'un quart entre 40 et 50 ans, à près de deux tiers après 60 ans ;
  • Thrombose veineuse profonde : les personnes ayant souffert d'une telle pathologie ont plus de risque de développer une insuffisance veineuse chronique (IVC) ;
  • Facteurs familiaux : tout comme pour les femmes, la prédisposition familiale joue un grand rôle ;
  • Station debout, piétinement ou position assise prolongée : ces contraintes professionnelles constituent les facteurs prédisposants majeurs de l'IVC. Selon le Dr Benigni, le nombre d'heures passées debout serait directement corrélé à la fréquence de la maladie. L'IVC toucherait ainsi 30 % des travailleurs de l'industrie ;
  • Surpoids et habitudes diététiques : le Pr. Hachulla précise néanmoins que ces deux facteurs restent l'objet d'un débat ;
  • Certaines maladies rares entraînant une altération des parois veineuses.

Si l'on extrapole les études épidémiologiques à la France, ce serait près de 1,2 million d'hommes qui devraient bénéficier d'un traitement.

Des traitements existent !

"Dans la majorité des cas, des conseils d'hygiène de vie, la prescription de médicaments veinotoniques et de deux paires de chaussettes de compression suffisent" déclare le Dr Frédéric Vin.

 

Malgré la tourmente entourant le coût de l'usage des veinotoniques, les spécialistes présents lors du salon de la médecine MEDEC 2003 ont de concert reconnu leur efficacité sur les symptômes et la gêne associés à l'IVC. Pour leur part, les chaussettes de contention ont prouvé leur efficacité lors d'étude sur des vols longs-courriers sur lesquelles elles ont prévenu l'apparition de phlébite chez des hommes variqueux. Le Dr Benigni précise néanmoins qu'il conviendra de lever les réticences des patients au port d'une compression élastique, répondre à ses questions, expliquer le mode d'action et vérifier la prescription par des consultations ultérieures. Des produits spécifiquement adaptés aux besoins des hommes existent sur le marché.

Mais selon le Dr Frédéric Vin, "face à des varices très évoluées, une consultation de phlébologie s'impose avec réalisation d'un écho doppler. Cet examen permettra de proposer une solution thérapeutique qui évitera les complications vasculaires". Les traitements vont alors de la sclérothérapie (une méthode consistant à injecter un produit à l'intérieur de la veine variqueuse pour coller ses deux parois l'une sur l'autre et ainsi la fermer) aux traitements chirurgicaux (stripping, chiva, cryothérapie, laser.). Pour en savoir plus sur ces techniques, reportez-vous à notre dossier "Les traitements de l'insuffisance veineuse".

La psychologie masculine joue un rôle essentiel dans l'approche diagnostique et thérapeutique de la maladie veineuse chronique. Ainsi, la sociologue Christine Castelain Meunier estime que "Oser regarder les jambes, y attacher de l'importance et se faire soigner ne vont pas de soi pour un homme". Mais selon elle, les rapports de l'homme à son corps évoluent rapidement et devraient permettre de lever les tabous. et les jambes des pantalons !

David Bême - Mis à jour le 15 février 2009

1 - Br J Surg. 1994 Feb;81(2):167-73. Review.
2 - Circulation 1973 Oct;48(4):839-46
3 - J Epidemiol Community Health 1999 Mar;53(3):149-53
4 - Dermatology 1997;194(2):111-20
5 - Int Angiol 1999 Jun;18(2):171-5
6 - Dermatology 1997;194(2):121-6
7 - Angiologie 2002;54(3):1-7





Forum jambes lourdes

http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2003/sem01/mag0328/sa_6607_maladie_veineuse_hommes.htm

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