Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Un être humain ne se compose pas que de cellules humaines : il comporte aussi environ 100.000 milliards de bactéries appartenant à un millier d'espèces différentes, représentant 1,5 kg, soit le poids d'un gros cerveau. De ce fait, la flore intestinale constitue presque un organe à part dans notre corps, et remplit des fonctions qu'aucune cellule à l'ADN humain ne peut exercer. Elle fait donc l'objet de nombreuses études afin de déterminer son rôle dans l'apparition ou la protection de certaines maladies.
Ces bactéries se développent les premiers jours de l'existence puis leurs populations se stabilisent pour le reste de la vie, après l'apparition d'un équilibre entre l'hôte et les symbiontes... sauf dans le cas de certaines pathologies. D'après une étude publiée dans la revue Nature grâce à la collaboration de 57 scientifiques chinois et européens, il a été établi que les personnes atteintes de diabète présentaient une flore intestinale caractéristique.
Le microbiote (l'ensemble des bactéries) des intestins de 345 volontaires chinois a été analysé. Parmi eux, 171 étaient atteints de diabète de type 2. Une étude d'association pangénomique a ensuite été menée. Il s'agit de comparer les variations génétiques existant entre ces unicellulaires et de voir leur impact sur le corps humain. En tout, les auteurs ont dénombré pas moins de 60.000 différences associées au diabète.
Ainsi, les malades possèdent une flore intestinale dont la composition est altérée et typique de celle d'une personne atteinte d'une gastroentérite : certaines espèces sont moins représentées, d'autres en revanche le sont plus. C'est le cas par exemple de quelques germes pathogènes opportunistes ou favorisant la résistance à certains médicaments.
Cette découverte soulève de nombreuses questions. Ces différences sont-elles suffisamment notables pour prétendre au rôle de biomarqueurs fiables d'un diabète ? Une première analyse menée chez 23 nouveaux patients tend à le confirmer. Mais les effectifs sont encore très réduits et surtout proviennent très majoritairement de personnes asiatiques. La flore intestinale n'étant pas spécifique à une région géographique, ces résultats devraient à priori chez d'autres populations mais il reste cependant à le confirmer.
D'autre part, des chercheurs de l'University of Copenhagen (Danemark) ayant collaboré à ce travail se concentrent déjà sur de nouvelles recherches. Ils souhaitent découvrir si les personnes à risque de développer un diabète présentent déjà cette altération des bactéries intestinales ou si celle-ci apparaît en même temps que la maladie. Pour savoir aussi qui de l'œuf ou de la poule est le responsable, ils ont prévu de prélever quelques échantillons de flore intestinale de patients diabétiques et de les déposer dans les entrailles de souris pour voir si elles développent la maladie ou non.