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Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog

Comment parler aux enfants du drame sanglant de Charlie-Hebdo?

Diane Drory est psychologue et psychanalyste, spécialiste bien connue de la petite enfance. Avec des termes clairs et des exemples, elle nous a expliqué comment aborder avec les enfants la tuerie de Charlie-Hebdo et la place importante que prend ce drame dans les médias et dans l'esprit des parents.

 

On n'aborde pas le sujet de la même façon avec des petits, des pré-ados et des ados. Pour les petits enfants qui sentent qu'il se passe quelque chose, qui ont entendu et vu des choses sur ce drame, la première idée est de ne pas cultiver la peur. En leur disant par exemple : "C'est très grave mais c'est aussi très rare dans nos pays et parce que c'est rare, on en parle beaucoup. Et on parle aussi beaucoup de toutes les actions qui sont engagées pour que cela n'arrive plus".

Et puis, on ne peut pas tirer de règle générale : "Chaque enfant intégrera ce drame selon son histoire propre, les parents doivent aussi se faire confiance, ils connaissent leurs enfants mieux que quiconque". Les mots qui leur viennent à l'esprit seront certainement les mieux à même d'apaiser les craintes ou les interrogations enfantines.

 

 

  • Parler "des méchants"

 

La psychanalyste estime également qu'il est bon de revenir sur "les méchants. Il faut faire comprendre aux enfants que ces personnes n'ont pas eu de chance, que ce sont des personnes à qui leurs parents n'ont pas dit ce que l'on peut faire et ne pas faire". Mentionner le fait que ces méchants ne gagneront jamais peut aussi calmer les esprits.

Pour ces petits enfants comme pour les plus grands, il découle quand même de ce drame un sentiment d'insécurité. Déjà parce que la France est proche de notre pays, de nos vies et que « tout à coup, des personnes sont arrivées avec des armes de guerre dans un endroit protégé, un endroit banal : un bureau ». Pour les rassurer, il faut insister sur le fait que beaucoup de personnes suivent cette affaire, "que la police s'en occupe. Les autorités ont les choses en main"

Mais la spécialiste insiste aussi sur un point : "Nous sommes, en tant qu'adultes, très impressionnés par des choses qui impressionnent moins les enfants". Notre bouleversement n'est donc pas nécessairement le leur. Pourtant, le fait de nous voir bouleversés allume des interrogations et une angoisse qu'il est bon d'apaiser en leur parlant du fondement de ces émotions : « Nous adultes, sommes responsables de la société dans laquelle nous vivons. Chacun y apporte sa pierre et nous sommes bouleversés parce que tous, nous sommes obligés de réfléchir pour que de pareils événements restent rares. Nous devons leur transmettre l'idée que cela nous amène aussi alors à devoir réfléchir sérieusement sur la façon de transmettre nos valeurs », conseille Diane Drory.

 

  • Aborder le sens de l'éducation

 

Pour les plus grands, il est important de les renvoyer au sens de l'école et de l'éducation. « L'éducation est un rempart contre les idéologies, contre le fait d'être embrigadés dans des idéologies. Ces terroristes n'étaient pas fâchés contre quelqu'un en particulier mais ils étaient dans la haine et la haine ne vise personne mais tout ce qui est différent de soi. Et c'est là le but de l'éducation : contribuer à raisonner nos émotions et accepter la différence, c'est important de les raccrocher à quelque chose qu'ils connaissent. »

D'ailleurs, Diane Drory encourage à en parler à l'école, "à en faire en tout cas une thématique de discussion collective".

 

 

  • Réfléchir avec les ados à la 'pensée unique'

 

Pour les ados, il est également un point à ne pas oublier d'aborder : faire attention de ne pas crier au feu et d'alimenter l'islamophobie. Eux qui sont connectés sans cesse aux réseaux sociaux voient passer constamment des messages de tristesse, de désolation mais également des phrases, des réflexions bêtes et méchantes et des appels lapidaires à condamner l'Islam, la religion musulmane et les Musulmans dans leur ensemble... « C'est le danger de la pensée unique... On peut vite leur faire comprendre ça en se mettant au niveau de leurs préoccupations de tous les jours. Par exemple : 'Tout le monde a la 4G donc je la veux aussi...' eh bien non, il faut réfléchir au pourquoi, au comment..."

 

 

  • Ouvrir la discussion et voir après

 

Faut-il aborder le sujet avec un enfant qui n'en parle pas mais qui est au courant de ces actes sanglants? "C'est bien d'ouvrir la discussion. Sans pour autant insister si on le sent fuyant. Il y a aussi beaucoup d'enfants qui ne se sentent pas concernés, qui ne sont pas touchés par les événements extérieurs.Le monde de l'enfance et celui des adultes n'ont pas les mêmes paramètres. Ça n'est pas parce qu'un enfant est en pleurs et se sent touché par un chien écrasé par exemple qu'il sera encore davantage touché par 12 morts dans un attentat, même en France", tempère la psychanalyste.

Quant aux images télévisées, Diane Drory est catégorique : "Pour les plus petits, pitié, qu'on leur épargne cela ! Pour les plus grands, oui, si l'on accompagne les images d'une discussion autour de la morale et de la philosophie".

 

http://www.lalibre.be/lifestyle/famille/comment-parler-aux-enfants-du-drame-sanglant-de-charlie-hebdo-54ae93bc3570b31140526d24

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