Le diabète n'est pas un long fleuve tranquille. Le blog de A.B.D - Le groupe des Personnes Diabétiques de Bruxelles hébergé Eklablog
Sommes-nous en train de devenir paranoïaques ? Restrictions en tout genre, scandales sanitaires, sonnette d'alarme tirée sur de plus en plus de produits alimentaires… A en croire la multiplication des recommandations et commentaires négatifs en matière de nutrition (plus ou moins justifiés), passer à table en 2013 se ferait à nos risques et périls. Un climat anxiogène alimenté par des sources pas toujours très fiables, et qui oublie une notion essentielle : celle du plaisir. Si seulement 54 % des Français ont le sentiment de se faire plaisir au quotidien, principalement par manque d'argent, ils sont en revanche 82 % à avouer en retirer au moment des repas. Le plaisir alimentaire n'est donc pas en voie de disparition, fort heureusement ! Des experts font le tour de la question pour Doctissimo.
"Au XIXe siècle, l'hygiénisme a pris le relais des valeurs religieuses et morales qui régissaient l'alimentation dans les cultures occidentales" commente Jean-Pierre Poulain, sociologue et anthropologue. Une fausse bonne idée selon le professeur en sociologie à l'université de Toulouse II. "Cette modification aurait pu être bénéfique, mais on observe aujourd'hui qu'elle va trop loin".
"Nous n'avons jamais eu autant peur de ce que nous mangeons et pourtant, il n'y a jamais eu autant d'hygiène"poursuit Philippe Chamlin, professeur d'Histoire économique à l'université Paris-Dauphine."Proportionnellement, entre la quantité d'aliments qui circulent et les problèmes de santé qu'ils engendrent, comme les intoxications, notre alimentation n'a jamais été aussi sûre". La recherche du "mythe de la bonne époque" n'a donc pas lieu d'être. "La seule chose que nous pouvons envier à nos ancêtres, et sur laquelle nous pourrions faire des efforts, est de recourir à davantage de produits bruts et à moins de produits transformés", admet Philippe Chamlin.
Car ce sont bien les produits industriels qui sont pointés du doigt dans les pathologies où l'alimentation est un facteur de risque, comme l'obésité ou le diabète. Taux de graisses et de sucresastronomiques, composants à index glycémique très élevé... Surveiller son alimentation quand on mange des aliments tout prêts est tout simplement impossible. A la notion du plaisir de consommer s'ajoute donc celle du plaisir de cuisiner, indissociables l'une de l'autre. "Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le mode d'alimentation à la française est préconisée dans la prévention de l'obésité. Parce que nous cuisinons davantage que certains de nos voisins", constate le professeur Chamlin.
C'est peut-être là, la raison pour laquelle de plus en plus de nutritionnistes prônent une approche plus hédoniste de l'alimentation. Revenir à une nutrition moins réfléchie et moins calculée est un élément essentiel pour concilier alimentation et santé. "Nous sommes dans une ère du tout restrictif, une ère du "sans" : sans gluten, sans lactose… Et même sans manger, comme dans le cas du jeûne", commente le médecin nutritionniste Jean-Michel Lecerf. "Une alimentation saine commence par le plaisir de manger, par l'éducation gustative, par la connaissance de ce que l'on mange…". Mais comme toujours, le plaisir des papilles reste compatible avec la santé tant qu'un certain équilibre est respecté. La clé restant encore et toujours la modération.
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