Pancréas artificiel : une révolution pour les patients diabétiques
Patrick Mas, diabétique montpelliérain, s'est rendu le soir au restaurant, a dormi à l'hôtel et a passé une matinée sans avoir besoin de se piquer le doigt une dizaine de fois pour contrôler sa
glycémie (sucre dans le sang). Cette nouvelle insouciance est possible grâce à un pancréas artificiel miniaturisé autonome portable. Zoom sur cette incroyable avancée technologique.
Depuis plusieurs dizaines d'année, plusieurs équipes travaillent à la mise au point d'un pancréas artificiel. La mise au point d'un tel dispositif permettrait de prévenir les complications du
diabète, de réduire le risque d'hypoglycémie induite et d'améliorer la vie quotidienne du malade. Pour cela, trois éléments sont nécessaires : la pompe à insuline, le détecteur de glucose
sanguin en temps réel et un dispositif de liaison entre ces deux éléments.
Première utilisation d'un pancréas artificiel autonome
Un
consortium de recherche international comprenant l'équipe d'endocrinologie-diabète du CHRU de Montpellier dirigée par Eric Renard et Jacques Bringer (dont nous suivions les travaux depuis mars 2001), ainsi que des équipes italiennes et
américaines1, viennent de réaliser une avancée spectaculaire dans ce domaine. Pour la première fois, un patient diabétique de type 1 a pu oublier sa glycémie. "Rendez vous compte,
j'ai dormi une nuit entière sans penser à ma glycémie. Avec ce nouveau type d'appareil on peut retrouver un peu d'insouciance et l'insouciance n'est pas compatible avec le diabète" avoue Patrick
Mas, marathonien qui s'est mis au sport "grâce ou à cause du diabète".
Le dispositif comprend une pompe à insuline portable, un appareil de mesure continue du glucose sous la peau et un module informatique de contrôle installé dans un téléphone portable. La mesure
du glucose automatisée est transmise en permanence au module de contrôle qui ordonne la quantité d'insuline que doit administrer la pompe pour maintenir la glycémie dans une fourchette proche de
la normalité.
Lors de cette expérimentation, le malade a été formé à l'utilisation de ce système pendant une journée au Centre d'Investigation Clinique INSERM 1001 du CHRU de Montpellier. Le patient a pu
ensuite l'utiliser de façon autonome en dehors de l'hôpital. Grâce à un système de surveillance à distance, le bon fonctionnement du pancréas artificiel pouvait être vérifié à tout moment par
l'équipe technique et médicale2.
Un espoir pour des milliers de diabétiques
Aujourd'hui, les diabétiques de type 1 (plus de 160 000 en France, un chiffre en augmentation dans le monde)
doivent contrôler plusieurs fois par jour leur glycémie en se piquant le doigt et en utilisant un lecteur de glycémie. En fonction du résultat, ils doivent procéder à des injections d'insuline
pour réguler leur taux de glucose. Cette procédure contraignante permet le maintien d'une glycémie quasi normale, cette dernière pouvant changer avec l'alimentation, l'activité physique et le
stress. Cette action permet de prévenir ou ralentir les complications micro-vasculaires (rétinopathie
diabétique, insuffisance rénale…) et cardiovasculaires.
Le but est donc de ne pas laisser le taux de sucre augmenter de manière trop importante ou, a contrario, de trop le faire baisser. Le risque d'hypoglycémie nocturne est d'ailleurs une crainte des
patients diabétiques. C'est pourquoi le nouveau dispositif a été testé durant une journée complète à Montpellier mais également à Padoue en Italie avec le même résultat. Cette première
expérimentation devrait se poursuivre chez huit autres malades, avant d'étendre la durée d'étude dans la vie courante sur plusieurs jours puis plusieurs semaines si le succès est au rendez-vous.
"Ce qui m'anime c'est de pouvoir me dire que dans 10 ans tous les diabétiques insulinodépendants pourront bénéficier d'un pancréas artificiel autonome", témoigne Patrick Mas. Selon les
chercheurs, entre 5 et 10 ans devraient en effet être nécessaires avant de pouvoir disposer d'un pancréas artificiel autonome. D'autres équipes travaillent à la mise au point d'un tel
dispositif, parmi lesquelles des équipes de Cambridge3 et de Boston3, dont nous nous sommes fait l'écho en juin 2010.
David Bême, le 8 novembre 2011
1 - Ce consortium de recherche international réunit l'équipe d'Endocrinologie-Diabète du CHRU de Montpellier dirigée par les professeurs Eric Renard et Jacques Bringer, les Universités de Padoue
et de Pavie (Italie), et les Universités de Virginie à Charlottesville et de Californie à Santa Barbara (USA)
2 - Communiqué du CHU de Montpellier - octobre 2011
3 - "Manual closed-loop insulin delivery in children and adolescents with type 1 diabetes: a phase 2 randomised crossover trial" - The Lancet, Volume 375, Issue 9716, Pages 743 - 751, 27 February
2010 (abstract accessible en ligne)
4 - "A Bihormonal Closed-Loop Artificial Pancreas for Type 1 Diabetes” - Sci Transl Med.2010 Apr 14;2(27):27ra27.(abstract accessible en ligne)
Forum Diabète
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/diabete/articles/15308-pancreas-artificiel-diabetiques.htm
C'est une découverte extraordinaire .Espérons qu'elle pourra aider tous les diabétiques de type 1 et qu'elle ne sera pas réservée qu'aux riches comme beaucoup d'inventions .Belle soirée , bises Nadine