Où se cachent les pesticides ?
Vache folle, listeria, dioxine... Le contenu de son assiette inquiète de plus en plus le consommateur. Et l'un des sujets qui le préoccupent le plus, c'est la présence éventuelle de
pesticides dans l'alimentation... Tour d'horizon des aliments qui peuvent en contenir et des moyens mis en oeuvre pour éviter les risques.
Les pesticides ont permis d’améliorer la productivité agricole et d’éviter les famines qui ravageaient encore l’Europe au
début du XXe siècle. Ils sont nombreux, environ 8 000 produits différents et n’ont pas tous le même degré de toxicité. Depuis les années 70 de nombreux pesticides retirés du marché, ont été
remplacés par des produits qui en se dégradant rapidement ne s’accumulent pas dans les sols. Pourtant, ils peuvent parfois arriver dans votre assiette ou dans votre verre !
Où risque-t-on de trouver des pesticides ?
Les pesticides sont pulvérisés sur les plantes et le sol. Par conséquent on risque d’en retrouver dans les produits
de cultures et les eaux…
En ce qui concerne les fruits et légumes, les producteurs doivent théoriquement respecter un délai entre
le dernier épandage et la récolte. Cela permet de laisser les résidus disparaître. Le temps est fonction du produit utilisé. Pourtant, selon une étude de la direction de la santé européenne la
moitié des fruits et légumes consommées en France en 1999 contenaient des résidus de pesticides. Mais des contrôles empêchent théoriquement que les seuils dangereux soient dépassés.
Les céréales sont, elles aussi, susceptibles de contenir des pesticides, mais le risque est théoriquement
moindre. En effet, les plantes sont souvent traitées au moment des semis ou de la pousse, avant le développement du grain et plutôt sur les tiges ou les feuilles. Les céréales sont donc moins
susceptibles de porter des résidus.
Les fruits, légumes et céréales contenus dans les produits préparés ne contiennent théoriquement pas ou
peu de résidus d’insecticides. En effet, les étapes de la transformation (lavage, épluchage, cuisson…) éliminent les éventuelles traces.
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Viande, poissons et produits laitiers
Les produits animaux peuvent être contaminés par les pesticides, s’ils mangent des produits contenant des
résidus. Il y a même un effet de concentration : en ingurgitant une grande quantité de plantes ou de céréales, le bétail, les volailles ou les poissons vont concentrer les résidus, devenant
ainsi plus toxiques que le végétal de départ. En général, les pesticides vont se retrouver dans les graisses animales. Mais on va les retrouver aussi dans le foie ou les reins. De plus, ils
peuvent s’accumuler dans le lait. Mais bien sûr cela suppose que les produits dont ils se nourrissent en contiennent.
Un des derniers bilans de l'Institut français de l'environnement révélait que 94 % des analyses effectuées dans les
rivières et les fleuves montraient des traces de contamination incompatibles avec une consommation d'eau potable sans traitement des pesticides. L’agriculture intensive - irrigation,
utilisation de pesticides, d’engrais (les fameux nitrates)- contribue à la contamination des eaux. Et comme nos cours d’eaux sont déjà chargées en pollution industrielle et urbaine, le résultat
n’est pas fameux ! D’autant que les traitements que subit l’eau pour redevenir potable ont un coût et ne sont pas anodins. Depuis 1998, un décret européen fixe -tout comme il y a une limite
maximale à ne pas dépasser pour les pesticides et les nitrates - un seuil pour les sous-produits de la désinfection. Au-delà de ce seuil l’eau n’est pas potable !
Aliments sous surveillance
Les pesticides ne sont pas anodins c’est pourquoi leur usage est strictement contrôlé. La commercialisation d’un
pesticide fait l’objet d’une autorisation de mise sur le marché qui évalue l’efficacité du produit et son innocuité pour l’homme. Pour chaque fruit, légume, céréale, on connaît la dose maximale
de résidus de pesticides potentiellement contenus dans l’aliment. Ces limites maximales de résidus garantissent la sécurité du consommateur. Pour les calculer, on considère que chaque fruit,
légume et céréale contient le maximum possible de résidus de pesticides, on les additionne en prenant en compte le régime alimentaire des français, puis on compare ces données avec la dose
journalière de pesticide admissible, c’est-à-dire une dose dont on est sûr qu’elle ne provoque pas de maladies. Une fois que ce premier seuil est établi, on rajoute une marge de sécurité. La
mise sur le marché de pesticides et leurs modalités d’utilisation sont calculées pour qu’avaler de temps en temps d’infimes quantités de résidus ne présente pas de risque particulier pour la
santé.
Pas que dans l’assiette !
Les pesticides sont des produits dangereux qui si on les avale tels quels provoquent des intoxications violentes pouvant
aller jusqu’à la mort. Or les risques ne sont pas uniquement dans l’assiette : plus on est exposé directement à ces produits (par leur manipulation, leur pulvérisation), plus leurs effets à
long terme sur la santé risquent d’être importants. Cela concerne les agriculteurs mais aussi dans une moindre mesure les jardiniers amateurs, ces derniers qui ne connaissent pas forcément les
bonnes pratiques d’utilisation des pesticides doivent s’orienter vers des produits moins dangereux portant la mention "emploi autorisé dans les jardins".
Les pesticides n’ont pas tout faux !
Les pesticides ne sont pas forcément synonymes de poison ! Ils nous protègent de certaines bactéries et notamment des
mycotoxines : ces champignons présents à la surface des fruits et des légumes sont - même à très faibles doses -extrêmement dangereux. Ces mycotoxines sont éliminés par les fongicides, une
catégorie de pesticides interdits en agriculture biologique. Pour l’instant ne rien ne laisse présager que les mycotoxines proliféreraient davantage dans le bio que dans l’agriculture
traditionnelle car d’autres aspects du bio comme la rotation des cultures permettent d’éliminer des risques liés à la prolifération de ces champignons dans le sol. Mais la question est ouverte
et l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) vient de lancer pour y répondre une grande étude visant à évaluer les risques et les bénéfices sanitaires et nutritionnels des
aliments issus de l’agriculture biologique. Cet avis devrait en rendu en mai prochain.
Quelles mesures pour se protéger ?
Au niveau national et européen un système de contrôle est mis en place. En France, le gouvernement souhaite réduire la
quantité de pesticides et vient d’annoncer la création d’un observatoire des résidus, lieu d’information et de concertation ouvert au public. D’un point de vue individuel, on peut s’orienter
vers des produits bio - sans pesticides chimiques - ou issus de l’agriculture raisonnée. Sans oublier que l’épluchage et le lavage des légumes et des fruits permettent d’éliminer une petite
part des résidus de pesticides.
Hélène Huret
http://environnement.doctissimo.fr/proteger-la-terre/pesticides/Ou-se-cachent-les-pesticides-.html