Les neuropathies diabétiques
Après une durée de maladie de 25 ans, environ 50 % de personnes diabétiques sont confrontées à des symptômes de polyneuropathie(PNP) diabétique. Généralement, il n’existe pas de corrélation entre
la gravité et la durée du diabète et l’ampleur des symptômes neurologiques de polyneuropathie (PNP). Ainsi 7,5 % des patients ressentent la polyneuropathie, avant de savoir qu’ils sont
diabétiques.
La PNP ne constitue pas une maladie autonome, mais elle apparaît consécutivement à une autre maladie. (diabète, borréliose, cancer, maladies infectieuses, carences alimentaires ou alcoolisme)
Nous expliquerons dans la suite les symptômes et le mécanisme d’installation d’une PNP, les différentes formes et les possibilités de traitement.
Le système nerveux d’une personne se compose du système nerveux central (SNC), c.à. d. le cerveau et la moelle épinière et d’un système nerveux périphérique, c.à.d. la connexion du SNC avec les
organes tels que la peau, les muscles, le coeur les intestins….
La PNP est une maladie de dysfonctionnement de plusieurs nerfs périphériques exclusivement.
Les nerfs périphériques eux mêmes se composent de deux parties :un axone et une gaine myélinique qui servent à la conduction de l’influx nerveux, l’axone étant responsable pour la qualité de la
transmission de l’information et la gaine myélinique pour la vitesse de la conduction.
Le dysfonctionnement métabolique dû au diabète entraîne un dépôt de sorbitol dans les nerfs périphériques et entrave la transmission de l’influx nerveux. Le mécanisme exact est compliqué et
subit, entre autres, l’influence des acides gras et des troubles de l’irrigation sanguine. Un métabolisme pathologique complexe entre l’axone et gaine myélinique rend le traitement de la PNP
difficile.
Nous distinguons différentes formes de neuropathies diabétiques:
- La forme la plus fréquente est celle de la neuropathie symétrique sensitive ou sensitive-motrice des jambes, plus rarement celle des bras. Les pieds et les mains sont touchés
préférentiellement. Le patient ressent des sensations désagréables d’endormissement ou de paresthésie en forme de bas ou de gants. Les deux côtés sont le plus souvent touchés parallèlement. Les
sensations désagréables peuvent être douloureuses et empêcher le sommeil. De même, la sensibilité manquante peut-elle accroître le risque de blessures (p.ex. par des chaussures trop étroites) et
mener à des plaies graves ulcérantes, et engendrer le dit « pied diabétique ».
- Plus rares sont les déficits moteurs, càd.des paralysies, du mécanisme de levée du pied p.ex. Les symptômes peuvent également n’être que très légers ,uniquement constatés au cours d’un
examen neurologique.(examen de conduction nerveuse (NLG) ou musculaire(EMG)
- Un autre groupe de neuropathies diabétiques concerne les neuropathies mono- ou multifocales, touchant un ou plusieurs nerfs crâniens ou racines nerveuses :
Quand les nerfs crâniens faciaux sont touchés, les muscles moteurs des yeux sont paralysés. Cela entraîne passagèrement une déviation douloureuse de la vue d’un oeil , mais une paralysie
faciale partielle de la moitié du visage est également possible. Ces pardisparaissent pour la plupart du temps après quelques semaines, mais elles peuvent également récidiver après quelques
mois ou années. Un examen neurologique poussé est indiqué afin d’écarter d’autres causes (Accident vasculaire cérébral ou tumeur cérébrale.
Si les racines nerveuses ou plexus nerveux de l’épaule ou de la hanche sont atteints, il s’agit le plus souvent de neuralgies très douloureuses des muscles proches du tronc avec atrophie
musculaire.
Certains nerfs peuvent également présenter une sensibilité accrue à la pression. Ainsi les personnes diabétiques sont fréquemment atteintes des symptômes du canal carpien. Il s’agit d’un
endommagement du nerf médian du poignet de la main au niveau de son passage par le canal carpien. Le patient ressent des douleurs typiques pendant la nuit surtout au pouce, de l’index et du
majeur. Une petite intervention chirurgicale est pratiquée, servant à libérer le nerf au niveau de la compression limitative. Au niveau de l’articulation du genou le nerf peronaeus peut être
endommagé avec une paralysie passagère des muscles élévateurs du pied et des orteils.
- Dans le cas de la neuropathie autonome, le système nerveux végétatif est atteint et le fonctionnement des organes est affecté. Le patient remarque, dans ce cas, une sudation excessive, une
constipation ou une diarrhée chroniques, ou, chez l’homme, un dysfonctionnement érectile. La neuropathie autonome de la fonction cardiaque est dangereuse, car elle n’est pas toujours ressentie
par le patient. Des perturbations du rythme cardiaque ou des variations de pression sanguine peuvent avoir de graves conséquences.
Le patient fournira lui-même les premières indications concernant des symptômes neuropathiques, auxquelles le médecin réagira en incitant des examens supplémentaires.
Après l’examen neurologique initial, qui teste les réflexes, la force et la sensibilité des pieds et des mains, il demandera une analyse sanguine ainsi qu’un examen neurophysiologique qui étudie
les flux nerveux et musculaire. (fig 5). Une légère stimulation électrique des nerfs est utilisée pour mesurer la conductivité des fibres nerveuses et les fibres musculaires seront jugées après
piqûre avec une petite aiguille. (EMG).De même la neuropathie autonome au niveau du coeur sera-t-elle examinée par le test simple de variabilité du rythme cardiaque (VRC).
La thérapie des neuropathies diabétiques est souvent difficile, les symptômes très lourds ne pouvant qu’être soulagés que partiellement. Les douleurs sont traitées par les anti-douleurs
classiques, mais souvent des médicaments spéciaux antidouleur-neuropathie sont prescrits.
Un équilibre glycémique optimal est essentiel et primordial. Des moyens thérapeutiques accessoires tels l’application de crèmes, des thérapies physio-balnéaires et une adaptation correcte des
souliers ont à jouer un rôle non négligeable. De même, une adaptation du style de vie apporte ses fruits, visant à écarter les causes aggravantes des neuropathies (consommation d’alcool et de
cigarettes). Il est recommandé d’augmenter l’activité physique. Le dysfonctionnement érectile pourra être traité avec succès par des médicaments spéciaux, mais souvent les patients (et aussi les
médecins) ont peur d’aborder le sujet et une médication efficace n’est finalement pas prescrite.
Ses connaissances en la matière et une observation efficace de son bien-être aideront la personne diabétique à reconnaître les symptômes d’une neuropathie et d’induire un traitement avec bonne
espérance de succès.
Article du Dr M. Hoffmann, traduit par Danièle Rasqué
http://www.ald.lu/fr/articles/complications/neuropathie-diabetique/
Bon week end Nadine, en espérant que mes images ne présentent pas un caractère trop léger parmi les sujets "sérieux" que tu traites.