Cystite : à chaque cas son traitement
Article rédigé par le Dr Henry, chirurgien urologue à l'hôpital Privé d'Antony (Paris)
La cystite, ou infection de la vessie, est une infection urinaire très fréquente. Elle touche le plus souvent des femmes jeunes et en bonne santé.
Dans la plupart de cas, l’infection n’est pas inquiétante : elle se traite rapidement, grâce à des antibiotiques. Lorsque les symptômes sont légers, une bonne hydratation suffit parfois à régler le problème. En fait, sans traitement antibiotique, on estime que 25 à 45% des cystites guérissent d’elles-mêmes.
Cependant, lorsque la cystite survient chez des personnes âgées, chez une femme enceinte, ou chez des patients souffrant d’autres maladies, elle peut être plus difficile à traiter et entraîner davantage de complications.
Pour cette raison, les médecins distinguent plusieurs cas de figure, nécessitant des stratégies de traitement différentes :
En cas de cystite simple, sans risque de complication, le mot d’ordre est de traiter de façon « éclair ». Le mieux ? Un traitement qui se prend en une seule dose, et qui permet de régler le problème dans la majorité des cas.
La fosfomycine-trométamol (c’est son nom), se prend en dose unique de 3 grammes. C’est aujourd’hui le traitement privilégié, en France du moins.
En Amérique du Nord, ce traitement est également recommandé, mais un antibiotique devant être pris pendant 3 jours est davantage prescrit. Il est aussi prescrit en France.
C’est le triméthoprime-sulfaméthoxazole, à prendre deux fois par jour pendant 3 jours. Cependant, dans certaines régions, les bactéries sont très résistantes à cette combinaison. Ainsi, les médecins doivent si possible connaître le taux local de résistance avant de choisir leur prescription. Au Québec, environ 15% des entérobactéries (qui causent 90% des cystites) sont résistantes au triméthoprime-sulfaméthoxazole.
Si le taux de résistance est supérieur à 20%, ce traitement n’est pas recommandé.
Enfin, d’autres antibiotiques sont efficaces contre les infections urinaires. C’est le cas des fluoroquinolones et de la nitrofurantoïne, elle aussi indiquée dans la cystite aiguë simple, à raison de 100 mg 3 fois par jour pendant 5 jours.
En France, toutefois, ce médicament est relégué en second, voire en troisième choix, car une enquête de pharmacovigilance a montré qu’il pouvait entrainer des effets secondaires hépatiques et pulmonaires.
En effet, en 2012, l’Agence Nationale de sécurité du Médicament et des produits de santé a précisé que la nitrofurantoïne devait être réservée à la petite fille à partir de 6 ans, l’adolescente et la femme adulte seulement lorsque les bactéries en cause sont sensibles à cet antibiotique et lorsqu’aucun « autre antibiotique présentant un meilleur rapport bénéfice/risque ne peut être utilisé par voie orale ». Dans les autres pays, les recommandations internationales continuent à préconiser la nitrofurantoïne, souvent en première intention.
Cystite à risque de complication : viser juste !
Qu’elle survienne chez la femme enceinte ou chez une personne atteinte d’une maladie chronique, ou affaiblie, la cystite aigue est alors considérée comme « compliquée », car le risque de complications est élevé.
La grosse différence avec les cystites simples, c’est qu’il faut être certain que le traitement va viser juste. Au lieu de donner le même antibiotique à tout le monde, le médecin va réaliser une analyse bactériologique en laboratoire (ECBU) : les urines vont être « mises en culture », pour voir quelles sont les bactéries responsables de l’infection, et on va tester différents antibiotiques pour en choisir un auquel elles sont sensibles. Il existe en effet de plus en plus de résistances aux antibiotiques, et il ne faut pas prendre le risque de prescrire un traitement qui ne fonctionnera pas.
Cette analyse préliminaire requiert de différer légèrement le traitement en attendant les résultats de l’analyse. Ce n’est pas toujours possible (cas urgents), mais c’est la voie privilégiée.
Les recommandations varient selon les pays et il y a trop peu d’études cliniques pour établir un guide de traitement précis. Selon la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF), voici le traitement recommandé, par ordre de préférence, que le médecin choisit bien sûr en fonction des résultats de l’examen d’urine :
- Amoxicilline pendant 7 jours
- Pivmécillinam pendant 7 jours
- Nitrofurantoïne pendant 7 jours
- et en 4ème intention, une combinaison amoxicilline-acide clavulanique (7 jours), du céfixime (7 jours), une fluoroquinolone (ciprofloxacine ou ofloxacine, pendant 5 jours), ou une combinaison triméthoprime-sulfaméthoxazole pendant 5 jours
Cystite récidivante : hygiène et canneberge
C’est un cauchemar pour bien des femmes : il n’est pas rare que les cystites récidivent, revenant 4 fois par an ou même plus. Plusieurs facteurs sont connus pour favoriser ces rechutes, notamment les rapports sexuels, l’utilisation de spermicides, mais aussi une susceptibilité familiale aux infections urinaires.
Le traitement de chaque épisode est similaire au traitement d’une cystite simple. Cela étant, il est souvent recommandé de faire une analyse bactériologique poussée des urines pour s’assurer que les bactéries en cause ne sont pas résistantes au traitement. Le médecin peut aussi prescrire des traitements à l’avance, à prendre dès l’apparition des premiers symptômes.
Enfin, certaines mesures d’hygiène doivent être appliquées scrupuleusement : boire beaucoup, ne pas se retenir pour aller uriner, aller aux toilettes après les rapports sexuels… Et il est conseillé de boire du jus de canneberge dès que les brûlures urinaires surviennent !
http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=traitements-cystite
salut
une infection urinaire est toujours douloureuse.
Bonne journée