Le manque d'exercice et l'augmentation de la charge pondérale qui en découle, à coup sûr lorsque la graisse s'accumule au niveau de l'abdomen, entraînent l'apparition d'une résistance à
l'insuline. Les cellules ne sont plus sensibles à l'insuline, la clé ne permet plus d'ouvrir la porte. Le pancréas, qui fabrique l'insuline, réagit en redoublant d'activité, ce qui accélère son
vieillissement. Et les cellules qui sont privées de cette énergie se tournent vers une autre source énergétique : elles brûlent des graisses et des protéines. À court terme, on maigrit et on
ressent une intense fatigue. Le diabète de type 2 apparaît, lui, à plus long terme.
À l'heure actuelle, 5 % au moins de la population belge souffre du diabète de type 2, mais ce chiffre est très certainement en dessous de la réalité. Dans 20 ans, un Belge sur dix sera
probablement atteint de cette forme de diabète. Dans certaines régions d'Europe, 10 à 15 % de la population est déjà diabétique, ce qui s'explique, d'une part, par le vieillissement démographique
et, d'autre part, par l'augmentation du surpoids. »
« Les progrès réalisés dans la compréhension du diabète nous font dire que cette affection dépasse le simple problème de la glycémie, poursuit le docteur Nobels. Il ne s'agit en effet pas
seulement du taux de glucose dans le sang, il faut également tendre à une charge pondérale normale, à des valeurs de tension artérielle et de cholestérol normales. Tous ces éléments doivent être
pris en considération et c'est pourquoi il est de plus en plus souvent fait référence au syndrome du métabolisme. Celui qui en souffre court bien plus de risques de maladies cardiovasculaires.
- La glycémie est normale lorsqu'elle se situe entre 70 et 100 mg/dl à jeun. Chez les diabétiques, son niveau est jugé acceptable lorsqu'il est inférieur à 140 mg/dl et très
bon lorsqu'il reste en dessous de 125 mg/dl.
- Etant donné que la glycémie fluctue constamment, nous mesurons la concentration d' hémoglobine glycosylée (HbA1c). L'hémoglobine est une protéine contenue dans le sang qui,
pour ainsi dire, se glycolise au contact répété avec de fortes concentrations de sucre. La fraction de cette HbA1c donne la mesure de la glycémie des deux à trois derniers mois. Ce taux est
inférieur à 6 % chez les gens sans diabète et nous essayons de la maintenir sous la barre des 7 % chez les diabétiques.
- Le tour de taille permet de mesurer l'accumulation de graisse abdominale. Le maximum est de 94 cm chez les hommes, de 80 cm chez les femmes.
- En ce qui concerne les lipides sanguins, le taux de triglycérides doit être inférieur à 150 mg/dl et celui de cholestérol HDL d'au moins 40 mg/dl chez les hommes et de 50
mg/dl chez les femmes. La valeur maximale idéale du cholestérol LDL est de 100 mg/dl.
- La tension artérielle ne peut pas excéder 135 mm Hg pour la tension plafond (tension artérielle systolique) et 85 mm Hg pour la tension plancher (tension artérielle
diastolique).
- Pour ce qui est de la charge pondérale, nous sommes devenus un peu plus réalistes. Il y a 20 ans, nous tentions encore d'amener les gens à leur poids idéal, ce qui s'est
révélé impossible. Nous disons aujourd'hui : essayez de perdre 10 % de votre poids. Donc, si vous pesez 90 kilos, essayez de perdre 9 kilos.»
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Agir sur 3 fronts
«J'explique toujours à mes patients que pour traiter efficacement un diabète de type 2, il faut agir sur 3 fronts. Tout d'abord, nous devons maîtriser la glycémie, deuxièmement nous devons
limiter les facteurs de risques de maladies cardiovasculaires et, troisièmement, nous devons vérifier au moins une fois par an qu'aucune complication ne se manifeste.
Le traitement du diabète repose en tout premier lieu sur l'adaptation du mode de vie : manger sainement et faire davantage d'exercices. Si cela ne suffit pas, des médicaments sont prescrits
aux patients atteints du diabète de type 2. Il est désormais plus facile de maîtriser le taux de glucose parce que nous disposons de meilleurs médicaments.
Des progrès importants ont également été enregistrés au niveau des insulines. Car la plupart des diabétiques de type 2 doivent prendre de l'insuline après quelques années, leur pancréas en
produisant de moins en moins. Mais nous avons désormais des systèmes bien plus simples que ceux utilisés par le passé, grâce auxquels les patients doivent s'injecter moins souvent de
l'insuline. Pendant un certain temps, la plupart d'entre eux peuvent se contenter d'une injection quotidienne. Généralement, ils prennent des comprimés pendant la journée et se font une
injection d'insuline le soir.
En ce qui concerne la réduction du risque de maladies cardiovasculaires, la première condition est d'arrêter de fumer. Par ailleurs, des médicaments doivent, le cas échéant, diminuer le taux
de mauvais cholestérol et maintenir la tension artérielle dans des limites normales. Une mini aspirine réduit la viscosité du sang.
Nous avons donc clairement élargi le champ de traitement. Nous prescrivons désormais une statine à presque tous les diabétiques de type 2 afin de faire baisser leur taux de mauvais
cholestérol, ce qui peut faire une énorme différence. Dans le cadre de certaines études, on a prescrit une statine à des diabétiques qui n'avaient pas un taux élevé de cholestérol, pour
ensuite comparer le résultat obtenu avec celui de patients ayant reçu un placebo. On a constaté que le nombre d'infarctus du myocarde dans le groupe traité avait chuté de 30 à 40 %. En
contrôlant plus strictement la tension artérielle et le taux de cholestérol et en ajoutant une mini-aspirine au traitement, nous avons enregistré des progrès énormes.
Le traitement est devenu plus complexe, mais la bonne nouvelle, c'est que si on le suit convenablement, l'espérance de vie et l'état de santé général sont pratiquement équivalents à ceux
d'une personne en bonne santé.»
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Une alimentation saine plutôt qu'un régime strict
Les mesures alimentaires sont un des piliers du traitement du diabète de type 2. Linda Claeys, diététicienne auprès de d'une association de diabétiques, nous explique comment il faut
s'alimenter lorsque l'on souffre de diabète...
«Nous préférons aujourd'hui éviter le terme régime. L'époque des régimes stricts et des aliments interdits aux diabétiques est tout à fait révolue. Le principe désormais retenu est celui
d'une alimentation saine, semblable à celle que l'on préconise pour tout le monde et basée sur le respect de la pyramide alimentaire active.
Sur cette base, le diététicien établit, en concertation avec le patient diabétique, des conseils nutritionnels individualisés qui tiennent compte de la situation personnelle du patient, de
son mode de vie et de ses préférences.
Ces conseils nutritionnels accordent une attention toute particulière à la quantité totale de glucides et à leur répartition en fonction des médicaments prescrits. L'idée selon laquelle les
patients diabétiques doivent impérativement adopter une alimentation pauvre en glucides est dépassée.
Les produits à base de céréales complètes, les fruits, les légumes,... ont leur place dans une alimentation saine pour diabétiques. La tendance actuelle n'est plus de limiter la quantité de
glucides mais d'adapter le traitement de sorte que cette quantité puisse être assimilée.
Nous avons en effet souvent constaté que lorsque les glucides sont limités, on les compense par davantage de graisses et de protéines, ce qui provoque d'autres complications. Le sucre n'est
donc pas interdit, mais il doit être pris en compte dans la quantité totale de glucides.
Les lipides constituent le deuxième élément a prendre en compte dans le cadre du programme alimentaire d'un diabétique de type 2. Les diabétiques courent, en effet, trois fois plus de risques
de développer une maladie cardiovasculaire. Nous limitons donc non seulement les lipides mais réorienteons les gens dans leur choix de graisses, en insistant sur la nécessité de limiter les
graisses saturées.
Enfin, étant donné que 80 % des diabétiques de type 2 présentent une surcharge pondérale, il est important de limiter les apports énergétiques. Il est toutefois essentiel à cet égard que
l'objectif assigné soit réaliste. Des études ont montré qu'une perte de poids de 5 à 10 % donne déjà des résultats nettement positifs en matière de résistance à l'insuline et de glycémie.»
Et que faut-il penser des «aliments pour diabétiques» ?
«Ces produits contiennent des édulcorants. Si l'on utilise dans des boissons rafraîchissantes des édulcorants pauvres en énergie comme l'aspartam ou l'acésulfame K, les diabétiques les
préféreront aux boissons rafraîchissantes normales.
Mais si ces édulcorants sont, par exemple, utilisés dans du chocolat ou dans des biscuits, ils font certes baisser la quantité de glucides mais cette dimunition est souvent compensée par une
augmentation de la quantité de lipides.
Les produits contenant des édulcorants qui fournissent de l'énergie (maltitol, xylitol...) n'ont pas d'incidence sur la glycémie, mais il faut toujours tenir compte des calories qu'ils
contiennent. La majorité de ces produits (chocolats, biscuits,...) se situent au sommet de la pyramide alimentaire et ne doivent donc être consommés qu'en faisant preuve de modération ».
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Prévenir les complications
« La majorité des complications liées au diabète sont dépistables à un stade précoce. Par exemple, en décelant la présence d'albumine dans un échantillon d'urine prélevé à jeun. Si les reins
commencent à laisser échapper de l'albumine, cela signifie que les capillaires sanguins des reins commencent à se boucher, augmentant ainsi la pression dans le filtre qui laisse alors passer
un peu d'albumine.
Cette fuite se produit longtemps avant l'apparition des véritables complications rénales. Mais elle indique que le patient est sujet à des complications et nous tentons alors de respecter au
mieux les taux idéaux afin d'empêcher ou de ralentir le plus possible leur apparition. Il existe en outre des médicaments pour le traitement de l'hypertension artérielle, les inhibiteurs ACE
ou les sartans qui réduisent la pression dans le filtre rénal, ce qui permet de prévenir les complications rénales.
Il en va de même pour la prévention des complications au niveau des capillaires dans les yeux ou des problèmes aux pieds. Généralement, on peut les dépister à un stade précoce.
Le risque d'infarctus ou d'obturation d'une artère est le plus difficile à prévoir parce que ces accidents sont soudains. D'où l'importance de prévenir à tout prix les affections
cardiovasculaires.
Actuellement, les diabétiques de type 2 prennent de nombreux médicaments, alors qu'ils ne s'en voyaient prescrire qu'un seul il y a une vingtaine d'années. Mais les statistiques prouvent que
cette approche est la bonne.
Il est regrettable que certains diabétiques réagissent en se disant que, puisqu'ils sont malades, ils n'ont rien à perdre et peuvent profiter de la vie au maximum. Ils se trompent sur toute
la ligne. En adoptant un mode de vie plus sain et en prenant ses médicaments, il est vraiment possible de repartir du bon pied. »
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Les complications éventuelles
Il est très important de maîtriser parfaitement la glycémie afin de prévenir les complications liées au diabète sur le long terme.
- Beaucoup de complications portent sur l'altération des vaisseaux sanguins. En cas de diabète de type 1, ce sont surtout les petits vaisseaux sanguins qui sont touchés, entraînant des
anomalies au niveau des yeux et des reins. Le diabète de type 2 touche surtout les gros vaisseaux sanguins, ce qui provoque des problèmes au niveau du c£ur (infarctus), du cerveau (attaque), des
jambes et des pieds.
- Tous les diabètes peuvent s'accompagner d'anomalies au niveau nerveux. Ce sont surtout les nerfs sensoriels qui sont généralement touchés, ce qui provoque des douleurs spontanées et autres
picotements.
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Un dépistage précoce
« Afin de prévenir toute complication, il faut dépister et traiter le plus précocement possible les diabètes et les autres facteurs de risque liés aux maladies cardiovasculaires.
Le médecin traitant peut facilement s'en charger. A partir de 40 ans, il faut mesurer régulièrement le tour de taille, prendre la tension artérielle, analyser le taux de graisses et de
glucose dans le sang. Ceux qui appartiennent à un groupe à risque (qui ont des parents du premier degré souffrant du diabète de type 2, femmes qui ont eu un diabète de grossesse,...) doivent
se faire contrôler plus souvent que les autres.
Pour assurer une prévention optimale, il faut impérativement mettre sur pied une campagne de grande envergure. Certaines initiatives, telles que la détermination de la glycémie grâce à une
piqûre au bout du doigt, sont parfois prises au niveau local, lors de salons consacrés à la santé.
Cette intention est louable mais le résultat n'est pas toujours exact. La piqûre du doigt présente, en effet, une marge d'erreur de 15 %. Ce n'est pas grave dans le cadre du suivi d'un
diabétique qui a déjà été diagnostiqué, mais ça l'est lorsque l'on essaie de déterminer si quelqu'un est diabétique ou non.
En outre, ceux à qui on propose le test ne sont souvent pas à jeun et l'on mesure uniquement leur taux de glucose, sans prêter attention aux autres facteurs de risques. Il est dès lors
possible de rassurer une personne qui court peut-être un risque très élevé parce que les autres facteurs de risques n'ont pas été mesurés !
Le passeport du diabète
Tous les diabétiques peuvent demander gratuitement un passeport du diabète auprès de leur mutuelle. Leur médecin traitant doit toutefois demander un formulaire spécial (qui peut être
téléchargé sur www.passeportdudiabete.be). Le passeport du diabète décrit le traitement, les examens, les objectifs en
matière de poids et de tension artérielle,... de manière à former un moyen de communication pratique entre les différents prestataires qui soignent le patient. Le patient trouve dans
le passeport du diabète des conseils et informations utiles sur les principes de base d'un bon traitement.
Le passeport du diabète donne droit, chaque année, à une intervention de la mutuelle.
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Plus d'info :
Association belge du diabète Place Homère Goossens, 1 1180 Bruxelles
Tél. : 02 374 31 95 - e-mail : abd.diabete@skynet.be - www.diabete-abd.be
Lecture Le diabète par le Dr Thierry Brue, 160 pages, Editions Larousse.
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Auteur: Leen Baekelandt | Mise en ligne: 09-04-2011 | Mise à jour: 07-04-2011
Un article extaordinaire qui montre bien les risques , les dangers, la conduite à tenir. Bonne soirée, bises Nadine