Le diabète insipide (insuffisances post-hypophysaires)
[?] Qu'est-ce que c'est ?
Le diabète insipide central est provoqué par le manque de sécrétion d'hormone anti-diurétique (ADH) par l'hypothalamus. C'est le cas le plus fréquent.
Dans le diabète insipide néphrogénique, l'hormone normalement sécrétée n'agit pas sur les tubules rénaux devenus résistants à son
action.
Normalement, le rein laisse d'abord filtrer une grande quantité d'eau à travers les glomérules; puis il
en réabsorbe au niveau des tubules une grande partie qui retourne dans la circulation sanguine, pour ne garder dans les cavités rénales qu'une fraction qui, associée aux déchets, forme
l'urine.
Le manque d'hormone antidiurétique ADH provoque l'impossibilité pour le tubule rénal de réabsorber
normalement l'eau filtrée par le glomérule.
[?] Les signes de la maladie
Cliniquement, la maladie se manifeste de manière brutale ou rapidement progressive, par une polyurie (augmentation du
volume des urines) importante et permanente. Le volume des urines est augmenté et peut atteindre 8 à 10 litres par jour, et même parfois 15 à 20 litres. Ces urines sont pâles comme de l'eau, peu
concentrées, et ne contiennent aucun élément pathologique: ni sucre, ni albumine. Accompagnant cette polyurie, il existe une polydipsie, c'est à dire que le malade a toujours soif, de manière
impérieuse, permanente et insatiable. Il boit sans cesse, beaucoup, le jour, la nuit, et n'arrive jamais à étancher sa soif.
A part cela, le patient est en assez bon état général, sauf s'il est hyper-hydraté (céphalées, nausées), ou déshydraté
(lorsqu'il ne peut boire autant qu'il lui est nécessaire ).
L'examen clinique est normal.
Ce tableau est très caractéristique du diabète insipide .
Les examens complémentaires biologiques courants (ionogrammes sanguin et urinaire) sont normaux, sauf parfois une légère
anémie de dilution.
Le diagnostic doit être porté avec certitude, car il existe une maladie au tableau clinique comparable : la "potomanie
psychogène " :
il s'agit d'un trouble du comportement qui provoque un besoin impérieux de boire; la quantité de liquide ingérée peut être
supérieure à celle absorbée dans un diabète insipide; évidemment la polyurie est également très importante, parfois aussi plus que dans le diabète insipide.
Cliniquement, le début de la potomanie est souvent plus brutal, à la suite d'un choc affectif, le malade présente des
troubles psychiatriques (mais pas toujours), et la polydipsie est variable d'un jour à l'autre. Aucun de ces signes n'est absolu, mais il reste indispensable bien sûr de poser un diagnostic
précis car le traitement est évidemment très différent.
[?] Examens et analyses complémentaires
Le médecin demande pour cela des épreuves dynamiques.
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Le test de restriction hydrique permet de déterminer s'il existe encore des possibilités de sécrétion de l'hormone ADH.
L'épreuve est pratiquée en milieu hospitalier, pour compenser rapidement une éventuelle déshydratation. Le malade urine, puis on le pèse et il s'allonge dans un lit. Toutes les 15 minutes, on
le pèse, on lui prend la tension, et toutes les 30 minutes on recueille les urines dans des bocaux numérotés. L'épreuve cesse quand le malade présente des signes de désagrément: angoisse,
sécheresse des muqueuses, accélération du pouls, baisse de la pression artérielle et du poids.
L'association de la déshydratation et de l'impossibilité par le rein de concentrer les urines malgré la suppression de
boissons, permet le diagnostic.
Il va sans dire que dans un vrai diabète insipide on ne peut pas mener cette épreuve jusqu'à son terme.
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Le test à la vasopressine permet de reconnaître la carence en ADH.
D'autres tests peuvent être pratiqués, les plus utilisés sont les épreuves thérapeutiques qui utilisent la propriété
antidiurétique de certains médicaments.
Il est possible que le diagnostic différentiel avec la potomanie soit difficile même après ces épreuves, car une
potomanie prolongée peut inhiber la sécrétion d'hormone ADH (diabète insipide induit), parce que un diabète insipide peut guérir mais le malade qui a pris l'habitude de boire beaucoup va
continuer, et donc uriner en quantité excessive (diabète insipide auto-entretenu), ou parce qu'il existe des perturbations primitives du centre de la soif (par une lésion ou une tumeur au
niveau de l'hypothalamus). Parfois le médecin recourt à une épreuve de déconditionnement, avec une psychothérapie adaptée. Le but est de persuader le malade de boire moins, avec un régime
désodé, éventuellement un médicament antidiurétique qui est remplacé progressivement par un placebo.
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Le dosage de l'hormone antidiurétique montre sa diminution.
[?] Causes et facteurs de risque
Les causes du diabète insipide sont le plus souvent acquises :
séquelles de traumatisme crânien, méningite, encéphalite, ou d'intervention neurochirurgicale dans la région hypothalamo
hypophysaire, tumeur du cerveau (craniopharyngiome, métastase de cancers bronchique, mammaire, colique), tuberculose, sarcoïdose, histiocytose X, maladie de Schuller-Christian, granulomatose de
Wegener, parfois une maladie de système (collagénose) avec localisation hypophyso-hypothalamique.
L'imagerie par résonance magnétique est l'examen fondamental pour retrouver une cause au diabète insipide.
Les diabètes insipides idiopathiques (c’est à dire sans cause retrouvée : environ 30 % des cas) correspondent à une
maladie familiale.
Diabète insipide néphrogénique
A côté de cette forme centrale, il existe un diabète insipide néphrogénique qui peut être héréditaire (recessif lié au sexe
: transmis par les femmes et ne se manifestant que chez l'homme) ou secondaire à une maladie rénale chronique (pyélonéphrite, myélome, amylose…) ou encore provoqué par un médicament : sels de
lithium, aminosides, anesthésie au méthoxyflurane.
Le diabète néphrogénique chez le nourrisson qui ne peut manifester sa soif se traduit par un déshydratation grave avec
fièvre, vomissements, convulsions.
[?] Traitement
Le traitement est évidemment fonction de la cause. Il faut dans tous les cas ne pas laisser le malade se déshydrater ni
s'hyperhydrater puis essayer de l'équilibrer avec un régime peu salé. Le traitement de la cause est impératif s'il en existe une.
La desmopressine est un analogue de l'ADH dont l'action antidiurétique est puissante. L'administration se fait en général
par voie endonasale une ou deux fois par jour.
Certains médicaments permettent de réduire les doses et peuvent être associés : Tégrétol , Largactyl, Lipavlon.
Un membre de votre entourage ou vous-même venez d'apprendre le diagnostic. Vous avez envie d'échanger vos points de vue
avec d'autres personnes dans votre cas. Parler du diabète n'est pas toujours facile, Forum nos forums vous sont
ouverts.
Auteurs : :Dr Lyonel Rossant, Dr Jacqueline
Rossant-Lumbroso.
http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/sa_670_diab_insip.htm