Le diabète type 2 au quotidien, un problème de suivi
Le diabète type 2 touche près de 2 millions de personnes en France. Cette maladie survient souvent
tardivement, dans un contexte de surpoids, parfois d'hypertension et de cholestérol trop élevé. A l'occasion du MEDEC, les professionnels de santé ont tenu à insister sur les difficultés de
bon suivi du traitement..
Il est souvent difficile pour les patients d'accepter cette nouvelle maladie qui peut faire peur, ainsi que son traitement,
avant tout instauré pour éviter la survenue de complications sévères.
Un contexte déjà pesant
L'annonce du diabète type 2 survient le plus souvent autour de la cinquantaine. Outre des facteurs héréditaires, c'est en général le mode de vie associé à
des pathologies chroniques qui a conduit l'organisme à ne plus réguler correctement le métabolisme du sucre. Ainsi, il n'est pas rare qu'une personne à qui le médecin vient d'annoncer un diabète
type 2, en général asymptomatique, présente déjà plusieurs troubles: surpoids conséquent, hypertension artérielle, cholestérol trop élevé, pathologie cardiovasculaire chronique (angine de
poitrine par ex), etc. D'où une ordonnance déjà longue !
Un traitement psychologiquement lourd
Selon le professeur Frédéric Rouillon, psychiatre à la faculté de médecine de Créteil, "les premières causes du mauvais
suivi des prescriptions sont de nature psychopathologique. Le patient perçoit la prise d'un médicament comme une dépendance qui le dévalorise ou le stigmatise", d'autant plus que les bénéfices ne
sont envisageables qu'à long terme.
Les explications du médecin traitant sont déterminantes pour un bon suivi, « que ce soit sur le plan objectif
(information donnée sur la maladie et son traitement, conseils hygiéno-diététiques..) ou dans sa dimension subjective (transfert) ». Il faut donc une information claire, précise avec une
écoute régulière du malade et de son entourage.
Un régime simple, c'est pourtant possible !
Le Pr Philippe Passa, endocrinologue à l'hôpital Saint-Louis (Paris), souligne la nécessaire clarté des messages délivrés
par le médecin : "il faut supprimer l'idée qu'un diabétique de type 2 ne doit pas manger de sucre". En effet, ce qui est important c'est de baisser le surpoids et donc avant tout de
corriger les erreurs alimentaires : diminuer le nombre de calories et la quantité de matières grasses, retrouver une véritable hygiène alimentaire en redonnant une place importante aux
légumes verts et aux fruits. Il faut aussi faire 3 vrais repas et non fractionner son alimentation au gré des contraintes familiales ou socioprofessionnelles.
De plus, bien qu'on voit fleurir avec le printemps les nouveaux régimes de tel ou tel praticien, "il n'y a pas de régime
passe-partout", insiste le Pr Passa : c'est au médecin et au patient de dialoguer autour des habitudes alimentaires pour déterminer un véritable régime personnalisé et efficace, avec
également des conseils de reprise d'activité physique.
Des comprimés souvent oubliés
Lorsque le régime et l'activité physique ne suffisent pas à faire baisser la glycémie, le médecin prescrit un ou plusieurs
comprimés à prendre tous les jours. Il y a donc rapidement un problème de suivi du traitement, d'autant plus que certains médicaments peuvent avoir des effets secondaires gênants, ce qui est
difficile à accepter pour un bénéfice qui apparaît lointain et flou.
Néanmoins, le suivi peut être amélioré en établissant des prescriptions réalistes, privilégiant une efficacité peut-être
pas optimale mais non décourageante. De même, les laboratoires pharmaceutiques innovent pour simplifier les prescriptions : ainsi, les laboratoires Servier ont mis sur le marché un sulfamide
hypoglycémiant (le Diamicron 30) constitué d'une gélatine à libération prolongée, ce qui permet de diminuer le
nombre de comprimés ingérés chaque jour. Il existe également des piluliers électroniques qui permettent de rappeler l'heure de la prise du médicament.
Enfin, lorsque le contexte est difficile le médecin ne doit pas rester isolé et inviter son patient à consulter un
cardiologue, une nutritionniste ou pourquoi pas un psychiatre, qui permettra de mieux accepter cette maladie.
En conclusion, on ne soulignera jamais assez l'importance des premières consultations d'où découlera la perception de cette
maladie. Aussi, si votre médecin vous annonce un diabète, ne vous renfermez pas sur vous-même, essayez de lui poser un maximum de questions et d'être le plus clair possible sur vos habitudes de
vie et ce que vous êtes prêt à raisonnablement changer, vous n'en serez que mieux traité !
Dr Jean-Philippe Rivière
Source : MEDEC 2003
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/diabete/articles/6572-diabete-type-2-observance.htm