Des OGM dans les médicaments
Les OGM présents dans l’alimentation sont la source de toutes les méfiances. Pourtant, ils sont utilisés depuis
plusieurs années pour fabriquer de nombreux médicaments. Et ils représentent un formidable espoir dans les traitements de demain. Portrait de ces "pilules génétiquement
modifiées" ?
Les OGM ne sont pas uniquement destinés à l’agroalimentaire. Ils sont utilisés depuis de nombreuses années par l’industrie
pharmaceutique…
Pourquoi des OGM médicaments ?
Il faut savoir que les organismes génétiquement modifiés sont déjà utilisés dans la recherche. Par exemple, on "humanise" des
souris pour tester différents médicaments destinés à l’homme. L’utilisation des OGM dans la production de médicaments ou de vaccins correspond à un réel besoin. Car toutes les molécules
complexes susceptibles d’agir dans notre organisme ne peuvent pas être synthétisées par les moyens classiques de la chimie. Ainsi, il devient nécessaire d’utiliser des "usines vivantes" afin de
produire de nouveaux traitements encore plus performants. Les avantages sont notamment la production en grande quantité et une plus grande sécurité sanitaire.
Des cultures… de cellules !
La technique la plus répandue aujourd’hui est la culture de cellules dite "en milieu confiné". En fait, on identifie la
séquence d’ADN humain qui permet de fabriquer une protéine intéressante. On l’introduit dans des bactéries, des levures ou des cellules animales en culture. L’organisme en question va alors
fabriquer le composé avec sa machinerie cellulaire. Il suffit alors de le purifier pour l’utiliser sous une forme facilement administrable. Plus de 80 produits sont fabriqués par cette méthode
actuellement : l’EPO, les interférons, des hormones telles que l’insuline, la FSH, la LH… Or toutes ces molécules n’auraient pas pu être produites (ou pas en quantités suffisantes) par
d’autres procédés.
Du lait sur ordonnance !
Mais la demande croissante de ces nouveaux médicaments incite les scientifiques à envisager des systèmes de production plus
efficaces encore. Pour ce faire, il faut non pas modifier génétiquement quelques cellules, mais une plante ou un animal entier ! On introduit alors le morceau d’ADN dans l’organisme de
l’hôte. Puis on s’arrange pour que la molécule d’intérêt soit exprimée par des parties facilement accessibles. Pour les plantes, ce seront par exemple les feuilles, les fruits… Pour les animaux,
le lait par exemple serait un bon candidat. Pour l’instant aucun médicament n’est produit selon ce procédé. Mais de nombreux essais ont déjà été effectués. Des chercheurs français ont réussi à
faire produire de l’hémoglobine (molécule qui transporte l’oxygène dans le sang) par des plants de tabac. Le problème de cette technique est qu’il s’agit d’OGM en milieu ouvert, avec les
éventuels risques de dissémination. Les contrôles doivent donc être très stricts. Les premières applications pourraient voir le jour dès 2005
La médecine par les plantes !
Les plantes sont des bons candidat pour produire des OGM médicaments. Non seulement les végétaux sont plus facilement
exploitables que les animaux et ils ont l’avantage d’éviter tout risque de transmission éventuel d’agents pathogènes. Mais la machinerie cellulaire des végétaux n’est pas la même que celle des
cellules humaines : les transformations subies par les composés sont souvent difficiles à maîtriser. De plus, il faut prendre en compte le risque allergique, ainsi que le risque de
contamination par l’environnement (pesticides, etc.). Néanmoins, les plantes représentent certainement l’avenir, notamment dans la production de médicaments révolutionnaires : les anticorps.
Ces derniers sont en effet de plus en plus utilisés pour de nombreuses maladies : cancer, problèmes inflammatoires, infections… Citons notamment l’Herceptin® pour le cancer du sein et le Remicade® pour la polyarthrite Rhumatoïde. Ces anticorps sont déjà produits par
génie génétique, mais à partir de cellules de mammifères. La production est donc faible, et le coût du traitement extrêmement élevé. L’avenir est donc à la "nouvelle phytothérapie"…
Quand l’homme devient un OGM
Dernier exemple des OGM utilisés comme médicament : la thérapie génique. Dans ce cas, il s’agit de modifier
génétiquement… l’être humain ! Les premières applications concernent les personnes dont un gène est défectueux. Il s’agit alors de leur fournir une copie fonctionnelle de ce brin d’ADN, en
utilisant un vecteur adéquat (un virus rendu inoffensif par exemple). Cette technique, qui ouvre de nombreux horizons, est actuellement à l’essai dans de nombreux travaux, mais les résultats se
font attendre. Le premier succès avait été obtenu en France sur les fameux bébés-bulles. Mais depuis, des complications graves apparues sur l’un des enfants ont obligé l’arrêt des essais, sans
toutefois remettre en cause la technique. Les Humains Génétiquement Modifiés ne sont pas pour demain…
Alain Sousa - Novembre 2002
Source : présentations du Dr Loïc Faye et du Pr Jean-Hugues Trouvin à l’Académie Nationale de
Médecine, 26 novembre 2002
Le guide des médicaments
http://www.doctissimo.fr/html/nutrition/mag_2002/mag1206/dossier/nu_6167_ogm_medicaments.htm