Daltoniens : ceux qui ne voient jamais rouge !
Le daltonisme n’est pas à proprement parler une pathologie visuelle, mais plutôt une particularité qui modifie la perception des couleurs. Transmise génétiquement, cette anomalie va perdurer toute
la vie sans aggravation, ni amélioration.
En observant un géranium à la lumière d’une chandelle, le chimiste
anglais John Dalton eut le sentiment qu’il ne percevait pas correctement les couleurs. C’est ainsi que fût identifiée, dès la fin du 18e siècle, l’anomalie de perception des couleurs nommée daltonisme.
Une anomalie masculine transmise par la mère
Cette “cécité des couleurs” est liée à une anomalie génétique héréditaire relativement fréquente, mais dont les conséquences sont
essentiellement masculines puisque 8 % des hommes sont atteints pour 0,5 % seulement des femmes. Cette disparité est due au fait que le gène du daltonisme est porté par le chromosome
sexuel X et qu’il est récessif, c’est-à-dire qu’il suffit de la présence d’un gène normal pour que l’anomalie ne s’exprime pas. La femme ayant deux chromosomes X, elle n’est daltonienne que si
ces deux chromosomes, hérités de ses deux parents, portent le gène défectueux, éventualité rare.
En revanche, l’homme possédant un seul chromosome X, hérité de sa mère,
il suffit que cette dernière lui ait transmis le gène anormal pour qu’il soit daltonien. Cette transmission liée au sexe permet de comprendre pourquoi les hommes ne transmettent jamais leur
daltonisme à leur fils (puisqu’ils ne lui donnent que le chromosome Y), tandis que les mères peuvent transmettre l’anomalie sans être elles-mêmes daltoniennes.
Trois couleurs pour la vue
Plus large que la simple confusion entre le rouge et le vert, à laquelle
il est souvent réduit, le daltonisme peut revêtir des formes variées. Pour comprendre cette diversité, revenons au mécanisme de la vision colorée.
Celle-ci résulte de la perception de trois couleurs, le bleu, le vert et
le rouge, dont la combinaison suffit à former toute une nuance de teintes. L’impression colorée élaborée par notre cerveau résulte des informations sur les intensités respectives de ces trois
couleurs transmises par des cellules de la rétine: les cônes. On distingue ainsi des cônes “bleus”, “rouges” et “verts”.
Si l’un de ces types de cônes ne fonctionne pas, le cerveau n’aura pas
d’information sur la couleur correspondante.
Le cône manquant
Ainsi, les personnes ayant une vision normale sont “trichromates
normales”, c’est-à-dire qu’elles possèdent les trois types de cônes et voient l'ensemble des couleurs. Tandis que les daltoniens sont dichromates : ils ne possèdent que deux types de cônes,
généralement bleu et vert. De ce fait, ils ne perçoivent que trois teintes : le bleu, le jaune et une teinte intermédiaire blanche ou grise. L’absence de cônes bleus ou verts est beaucoup plus
rare.
De manière exceptionnelle, deux ou les trois types de cônes peuvent
manquer, la personne voyant alors en noir et blanc. On parle de "monochromatisme" ou d'"achromatopsie". A l’inverse, parfois les cônes sont bien présents mais ne transmettent pas parfaitement le
signal correspondant à leur couleur, ce qui entraîne une légère altération de la vision colorée. Les personnes atteintes ont un "trichromatisme anormal".
Le dépistage du daltonisme est extrêmement simple et se fait souvent dès
la première visite médicale à l’école. L’anomalie est facilement repérée à l’aide de planches représentant des chiffres ou des dessins formés de points colorés sur un fond d’une autre couleur. Le
daltonien ne peut distinguer le dessin. Un examen ophtalmologique plus approfondi pourra préciser le type de daltonisme.
Une acuité visuelle normale
Aucun traitement n’est en mesure, actuellement, de rétablir une vision
normale des couleurs. Cependant, le daltonisme n’entraîne pas de handicap réel, la personne ayant son propre système de référence, où les nuances manquantes sont remplacées par différentes
teintes de gris. L’existence de cette anomalie n’augmente pas le risque de défaillance visuelle et n’impose aucune surveillance particulière. En fait, le principal inconvénient du daltonisme est
d’interdire certaines professions, telles que les transports publics. En contrepartie, l’absence de vision de certaines couleurs est sans doute un avantage dans des domaines graphiques.
Enfin, certaines maladies, comme le diabète ou un glaucome, peuvent
entraîner une baisse de la vision des couleurs, souvent non perçue par les patients. A la différence du daltonisme, ces “dyschromatopsies” peuvent s’aggraver avec l’évolution de la
maladie.
Dr Chantal Guéniot
Forum Bien voir
http://www.doctissimo.fr/html/sante/bien_voir/sa_4944_daltonisme.htm