Le millet désigne plusieurs espèces de graminées, dont les graines
sont très petites, cultivées dans les régions sèches du Globe, comme l'Asie et l'Afrique. Cette céréale est un aliment nutritif, souvent consommé sous forme de galettes. Longtemps
réservé aux pays pauvres, le millet s'offre un retour dans nos assiettes, notamment par les recettes bio. L'occasion de le (re)découvrir.
À la découverte du millet. Ici, le millet commun Panicum miliaceum L, mais il existe de nombreuses espèces. © Kurt Stueber - GNU Free Documentation License version 1.2
Ce dossier présente les différentes espèces de millet : le millet commun bien-sûr, mais également le millet perle, le millet des oiseaux, le fonio et autres types moins connus. Il
aborde également les systèmes de production et la répartition géographique de ses cultures. Découvrez enfin le sorgho, qui lui est souvent associé, et qui présente une certaine
toxicité, à connaître.
Bonne lecture.
Le mot millet est donc un terme générique qui désigne plusieurs espèces de plantes de la famille des poacées (graminées). Ce sont des céréales vivrières.
Le millet désigne un groupe de céréales, dont fait partie Panicum miliaceum. © Kurt Stueber - GNU Free Documentation License version 1.2
Millet sans autre précision désigne souvent le millet commun, mais le millet le plus cultivé est le « millet perle ». Étymologiquement, millet est un diminutif
de mil, terme qui dérive du latin millium, nom de ces plantes en latin.
Les différents millets
Le terme regroupe un ensemble de graminées alimentaires annuelles qui ont pour caractéristique la petitesse de leurs graines. Ces céréales sont surtout cultivées sur les terres marginales dans les régions
sèches, subtropicales et tropicales. Chacune des espèces a des caractéristiques physiques, une qualité de grain, des besoins édaphiques et climatiques, ainsi que des cycles de croissance qui leur sont propres.
En Afrique subsaharienne, une bière de mil est préparée à partir de la fermentation du mil, millet ou sorgho.
Différentes espèces de millet sont produites. Du mil rouge au millet
indien et japonais, en passant par le panic pied de coq. Découvrez ces graminées. Commençons par les moins connues.
Le millet se décline en de nombreuses espèces. © Paul-W, Flickr CC by nc-sa 2.0
Éleusine ou « ragi » ou mil rouge : Eleusine coracana
Le mil rouge produit plusieurs épis au sommet de la tige. Ses graines sont très petites (1-2 mm de diamètre). Ses besoins en eau sont légèrement supérieurs à ceux des autres espèces de mil.
L'éleusine, ragi en Inde, est une culture importante en Afrique orientale et en Asie (Inde, Népal), jusqu'à 2.000 m d’altitude.
Eleusine coracana. © DR
L'éleusine a été introduite en Inde il y a plus de 3.000 ans, et en Europe par les Romains.
Composition en acides aminés essentiels de l'eleusine (en
mg/g) :
Coix : Coix lachryma-jobi
Appelé aussi larmes de Job, c’est une céréale secondaire du sud-est asiatique.
L'herbe à épée : Paspalum scrobiculatum
Céréale spontanée en Afrique occidentale et en Inde, le long des chemins. En Inde, cette espèce a été domestiquée il y a 3.000 ans.
Millet indien : Panicum sumatrense
Culture en Inde, au Népal, au Pakistan, au Sri Lanka, dans l'est de l'Indonésie et l'ouest de la Birmanie.
Millet japonais : Echinochloa frumentacea
Culture importante dans les régions subtropicales de l'Inde.
Le panic pied de coq : Echinochloa crusgalli, E. colona
Il est important dans les régions tropicales et subtropicales de l'Inde.
Après ce petit tour d'horizon, découvrez dans les pages suivantes les espèces de millet plus connues ou plus répandues : le millet commun, le millet perle, le fonio, le millet des oiseaux et le
teff.
Le millet commun Panicum miliaceum est aussi appelé millet blanc ou millet à grappes.
Panicum miliaceum. © Domaine Public
Description du Panicum miliaceum
C’est une plante de 1,3 m environ, à panicules lâches, ramifiées et tombantes, cultivée dans des régions tempérées, en Russie, en Ukraine, au Kazhakastan, aux États-Unis, en Argentine et en
Australie.
La graine est enveloppée, peut présenter des couleurs claires ou plus
foncées. En moyenne, pour obtenir 1 gramme, on a besoin de 175 graines. Le millet commun est utilisé en graines entières, en bouillies, en galettes ou en farine. On le mélange également au
pain.
Composition en acides aminés essentiels du millet commun
(en mg/g) :
-
isoleucine 405 ;
-
leucine 762 ;
-
lysine 189 ;
-
méthionine 160 ;
- cystine / ;
-
phénylalanine 307 ;
-
tyrosine / ;
-
thréonine 147 ;
-
tryptophane 49 ;
-
valine 407.
-
Le millet perle, Pennisetum glaucum, est également appelé petit mil, mais il possède de nombreux noms car il est très commun.
Pennisetum glaucum. © Domaine public
Description de Pennisetum glaucum
C'est l'espèce la plus cultivée, elle représente la moitié de la
production mondiale ; elle a le rendement le plus élevé en conditions de sécheresse et de températures élevées, et croît sur
sols sableux et pauvres, là où on ne peut cultiver ni maïs, ni sorgho ni éleusine. Les graines se trouvent sur un épi compact de 10 à 150 cm de long appelé chandelle. On la
cultive surtout au Sahel, en Asie (Inde, Pakistan). Elle a été introduite aux États-Unis, et est utilisée comme fourrage d'été.
Composition en acides aminés essentiels du petit mil
(en mg/g) :
-
isoleucine 416 ;
-
leucine 479 ;
-
lysine 114 ;
-
méthionine 142 ;
- cystine / ;
-
phénylalanine 297 ;
-
tyrosine / ;
-
thréonine 212 ;
-
tryptophane 35 ;
-
valine 379.
-
Le fonio ou mil africain, regroupe plusieurs espèces : « fonio blanc » (Digitaria exilis), « fonio noir » (Digitaria
iburua), « fonio à grosses graines » (Brachiaria deflexa).
Le fonio. © Bing 2006
Description et utilisation du fonio
Les espèces de fonio sont cultivées en Afrique de l'Ouest dans les régions sub-sahéliennes : Mali, Nigeria, Niger, Burkina Faso, Sénégal et Guinée. Outre le fonio noir, blanc et à grosses
graines, il y a plusieurs autres espèces mineures importantes dans certaines régions.
Le fonio présente une texture proche de la semoule de blé, il peut se
cuisiner de bien des façons (en semoule, en beignets...). Dans le commerce, on l'achète complet (aux graines fermes), demi-complet (pour les galettes par exemple) ou en farine. On trouve
aujourd'hui de nombreuses recettes à base de fonio.
-
Le millet des oiseaux, Setaria italica, est aussi appelé miliade. Son nom vient de l'utilisation courante de ses graines pour nourrir les oiseaux.
Setaria italica. © Kurt Stueber GNU Free Documentation
License, Version 1.2
Description et utilisation de Setaria italica
C’est une plante de 1,5 m environ, à inflorescences longues,
cylindriques, compactes. Le premier pays producteur est la Chine mais cette espèce est aussi cultivée en Inde, en Indonésie, en Corée, dans le Sud de l'Europe et en Afrique
orientale.
Elle est utilisée en Inde pour faire de la bière. Autrement, on la mange sous forme de bouillie ou de pain. Il existe de nombreuses sous-variétés, comme Setaria italica var.
brunneoseta, Setaria italica f. metzgeri, Setaria italica f. breviseta...
Composition en acides aminés essentiels du millet des
oiseaux (en mg/g) :
-
isoleucine 475 ;
-
leucine 1044 ;
-
lysine 138 ;
-
méthionine 175 ;
- cystine / ;
-
phénylalanine 419 ;
-
tyrosine / ;
-
thréonine 194 ;
-
tryptophane 61 ;
-
valine 431.
-
Le teff, Eragrostis tef, est une espèce de millet
à grains très petits, cultivée dans les montagnes d’Éthiopie, où sa production est très bonne.
Le teff : Eragrostis tef. © Rasbak GNU Free
Documentation License, Version 1.2
Description et utilisation du teff
Le teff est une plante qui tolère les sols lourds, mal drainés. Plusieurs parents sont des graminées fourragères appréciées dans les zones arides du monde. C'est l'ingrédient de base du pain
en Éthiopie et en Érythrée, car cette céréale contient sa propre levure naturelle.
Le teff est très riche en fer, et contient également beaucoup de calcium. Il est considéré comme étant la plus ancienne céréale du monde. Ses
petites fleurs en forme de cœur lui ont donné son nom, inspiré d'Éros, dieu grec de l'amour.
Les différents teffs
Le teff est une céréale complète, dont on trouve différentes sortes :
- teff brun ;
- teff rouge ;
- teff ivoire.
Le teff brun est le plus riche en saveur, le teff rouge est quant à lui le plus rare.
Le mil est bien adapté aux sols secs et infertiles et il est souvent cultivé dans des conditions extrêmes : températures élevées, précipitations faibles, jusqu’à 300
mm par an et irrégulières, saison brève, sols acides, peu fertiles ayant une
faible capacité de rétention en eau. Voyons ici la production du mil en Afrique et en Asie.
Peinture murale d'une femme pilant le mil. On note ici l'influence africaine. Du métissage important de l'île (colons portugais, esclaves capturés sur les côtes africaines) sont nés une
culture et un peuple uniques. On fête le carnaval comme au Brésil, on s'habille à l'européenne, on porte les enfants sur le dos comme en Afrique. © IRD - Favier, Marie-Noëlle/ cap Vert, port de Santa Maria, île de Sal
Afrique et Asie : 95 % de la production mondiale de mil
Les pays d’Afrique et d’Asie produisent 94 % de la production mondiale du mil, estimée à 28 millions de tonnes dans les années 1990. Le mil pénicillaire compte pour environ 15 millions de
tonnes et il est très important dans les régions les plus chaudes et les plus sèches du monde. Le millet des oiseaux représente 5 millions de tonnes, le millet commun 4 millions de
tonnes et l'éleusine 3 millions de tonnes. Presque toutes sont produites pour l’alimentation par des paysans qui pratiquent une agriculture à petite échelle, et seules de très petites quantités se trouvent sur le
marché international, mais les statistiques sont incomplètes.
La plupart ont un système racinaire profond, un cycle de croissance court et peuvent produire de façon fiable de petites quantités de graines.
Systèmes de production du mil
Le mil est consommé localement et sert de culture vivrière de subsistance. On l'utilise aussi pour les pâturages, le fourrage vert ou l'ensilage. Les résidus de récolte sont une source de
fourrage (c'est souvent le seul fourrage disponible).
En Inde, quelques variétés sont appréciées pour la quantité de paille, même si le rendement en grain est faible. La culture est extensive et les technologies améliorées peu
répandues, sauf dans certaines régions de l'Inde. La culture est pratiquée sans irrigation ni engrais chimiques, sur des sols légers, drainés et pauvres. Lorsqu'ils ont les moyens
d'irriguer, les paysans se tournent vers des cultures plus rentables. Mais certaines régions font exception, comme l'État du Gujarat en Inde, où il y a une forte demande saisonnière pour les
résidus de récolte du mil pénicillaire, lesquels servent à l'alimentation des animaux laitiers.
Contraintes de la production du mil
Dans les pays en développement, surtout en Afrique, la production du mil est sujette à infestation de Striga, mildiou et dégâts causés par les oiseaux. La pression démographique a
entraîné une diminution de la jachère et donc de la fertilité des sols ce qui entraîne une baisse de rendement, au cours des quinze dernières années.
L'amélioration génétique du mil est plus compliquée que celle des
autres cultures, car ces céréales sont produites dans un milieu extrêmement difficile.
Les programmes d'amélioration ont débuté tardivement et les budgets sont faibles. De plus, l'expertise des pays développés n'est pas transposable contrairement aux cas du blé et du maïs. Seuls le
mil pénicillaire et l'éleusine ont fait l'objet de recherches internationales. La vulgarisation est inadéquate et les paysans sont réticents. Plusieurs technologies n'ont pas pris en compte
les contraintes très graves que doivent surmonter les paysans.
Amélioration variétale du mil
Des hybrides ont été mis au point, destinés à la production de grain et qui
réussissent là où la pluviométrie est fiable. Dans les régions sèches il est beaucoup plus difficile d'identifier les combinaisons qui peuvent donner un hybride intéressant. Quelques
variétés améliorées offrent l’avantage d’arriver à maturité plus rapidement et ont ainsi plus de chance d'échapper aux sécheresses.
Millet commun, teff, éleusine, où se cultivent les différentes sortes de mil ? Quelle est la répartition géographique de ces céréales ? Les utilise-t-on pour l'alimentation humaine,
animale ou les deux ?
Culture du mil, Niger. ©IRD Mariac, Cédric
Répartition géographique de la culture du mil
En Amérique latine, la culture n'est pratiquée que dans une région de l'Argentine. Dans le monde, les superficies sont relativement stables, soit 38 millions d'hectares. La production et les
rendements ont augmenté dans les années 1980, mais ils sont stables depuis et le rendement moyen est de 0,75 t/ha.
La culture du mil en Asie
En Asie, la culture se limite à deux pays, l'Inde et la Chine. L'Inde est le premier producteur du mil au monde avec 40 % de la production mondiale. Le mil pénicillaire
compte pour les deux tiers de la production indienne. Il est cultivé dans les États du Rajasthan, du Maharashtra, du Gujarat, de l'Uttar Pradesh et de l'Haryana. L'éleusine est cultivée dans
l'État du Karnataka, de l'Orissa, de l'Uttar Pradesh et du Tamil Nadu. C'est l'espèce la plus importante au Népal et au Bhoutan. La Chine produit environ 3,7 millions de tonnes de
mil par an dans les provinces de Hebei, Shanxi et Shadong. Au cours des trois dernières décennies, les rendements ont presque doublé en Chine où ils sont parmi les plus élevés au monde.
Ce progrès a été obtenu grâce à la diffusion d'hybrides de mil pénicillaire et de variétés à pollinisation libre de millet des oiseaux.
La culture du mil en Afrique
En Afrique, la culture du mil est pratiquée dans un grand nombre de pays. L'Afrique est la seule région du monde où la production du mil augmente. Le mil pénicillaire est cultivé au sud du Sahara
ainsi que dans les régions sèches de l'Afrique orientale et australe. L'éleusine est cultivée en Afrique orientale et australe.
L'Éthiopie est l'un des rares pays où le teff est une culture céréalière. De petites quantités de fonio blanc sont produites dans l'ensemble de l'Afrique. Le fonio noir est
cultivé dans des bassins isolés au Nigeria, au Togo et au Bénin. Le fonio à
grosses graines n'est cultivé que dans le massif du Fouta-Djallon au nord-ouest de la Guinée et en Sierra Leone. Le millet des oiseaux et le millet commun sont des cultures très
secondaires.
Le mil pour l'alimentation humaine
La consommation par habitant varie d'un pays à l'autre. Elle est plus élevée en Afrique, où le mil est une denrée de base essentielle : 75 % de la consommation de céréales au Niger par exemple.
En Asie, l'utilisation du mil en alimentation humaine est importante dans certaines régions de l'Inde et de la Chine. Elle est négligeable en Amérique latine et dans les pays
développés, sauf l'ex-URSS. Le mil est un aliment très énergétique, nutritif, recommandé pour les enfants et les personnes âgées ou en convalescence, que ce soit des bouillies, du
pain ou des galettes. La teneur en protéines du mil pénicillaire, du millet
commun et du millet des oiseaux est comparable à celle du blé, de l'orge et du maïs. Mais la farine devient vite rance.
L'horrible danse du pilon- Côte occidentale d'Afrique. © Colonel Frey 1890
À l'échelle mondiale, la consommation du mil a très peu augmenté au cours des trente dernières années, alors que celle des autres céréales a doublé : changement
des préférences alimentaires qui a favorisé le blé et le riz, approvisionnements irréguliers, augmentation des revenus et
urbanisation rapide en sont les causes.
Le mil dans l'alimentation animale
L'utilisation du grain de mil en alimentation animale est très secondaire. L'Europe occidentale, l'Amérique du Nord et le Japon utilisent un peu plus de 200.000 tonnes, presque exclusivement
comme graines pour les oiseaux.
Autres utilisations du mil
Il y a peu d'autres formes d'utilisation du mil. De petites quantités d'éleusine sont utilisées par des brasseries commerciales.
http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/botanique/d/cereales-le-millet-sorgho_1069/c3/221/p1/